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Qui est ce patron congolais si discret, et pourtant si puissant ? Classé parmi les premières fortunes de la République Démocratique du Congo, le PDG du conglomérat industriel Groupe Ledya a bâti en plus de 40 ans un véritable empire avec dynamisme, humilité et détermination. Histoire d’une saga démarrée au village de Sona-Bata (RDC) dans le commerce de proximité.
Jean Lengo Dia-Ndinga en a gravi des montagnes et s’accroche au sommet en dépit des défis économiques, sociaux et réglementaires en République Démocratique du Congo (RDC). À l’aube de ses 70 ans, l’industriel et financier congolais s’efface doucement pour laisser le groupe à ses enfants, notamment à l’un de ses fils, Glend Makabi, (Vice-Président du Groupe Ledya). Et bien qu’extrêmement discret, ses réalisations parlent pour lui.
Jean Lengo que tous surnomment « Ledya » a su forger le secteur industriel congolais en imposant son style pragmatique avec un fort attachement à la qualité, à la diversité et à la croissance.
Là où d’autres congolais sont écrasés par la concurrence indienne, Lengo et le Groupe Ledya restent inébranlables et génère, toutes activités confondues, un chiffre d’affaires à huit chiffres. L’effectif du groupe est composé de 1 000 salariés. Des données rassurantes pour les banques locales qui n’ont jamais cessé de lui faire confiance.
Le consortium se compose aujourd’hui de 16 sociétés distinctes : Lerexcom Petroleum, Lerexcom Mining, CMT, SOGECAR, Ledya Socorep, Surestream RDC, LOG DS, LOG EP, SAF Energie, AIDEL, SOCOPE, MGT, TICOM, Simobile, Ledya Hotels, et Leditac Color.
Tout a commencé en 1966. Jean Lengo alors élève à l’école du village de Sona-Bata constate, à l’heure de la récréation, qu’ils sont nombreux, comme lui, à avoir faim. Là, où certains écôliers issus de familles aisées savouraient leurs « chikwanges » (bâton de manioc fermenté) ; d’autres les regardaient affamés. Un concept inacceptable pour l’enfant Lengo. Dorénavant, son cartable ne sera plus rempli de « rien » mais, il sera chargé de boîtes de sardines, poissons salés et chikwanges, pour les revendre à crédit aux copains de l’école. Une anecdote qui rappelle ô combien Jean Lengo Dia-Ndinga a le commerce inscrit dans son ADN.
Jusqu’au secondaire, le jeune Lengo avalait des dizaines de kilomètres de marche pour rapporter les marchandises utiles à ses activités de « commerçant en herbe ». Adolescent, il quitte le village de Sona-Bata pour aller chez son oncle, à Matonge, un quartier populaire du nord de la commune de Kalamu dans la province de Kinshasa, et débute le négoce en ferry avec Brazzaville, la capitale voisine, où il se rend une fois par semaine. Il rapporte des kilos de produits cosmétiques, qu’il revend le soir, au marché central.
En 1972, il s’envole régulièrement vers la Belgique puis revient lentement, par bateau, lourd de 300 kg de marchandises et de fret gratuit. « J’ai arpenté l’Europe avec mon associé et cousin ; on s’est ensuite séparé et j’ai décidé de créer le Groupe Ledya, sigle émanant de mon nom Lengo-Dia-Ndinga » raconte t-il.
En 1977, survient le premier tournant de sa carrière commerciale. Il fournit dorénavant les supermarchés de la capitale congolaise, grâce à l’importation des tapis Domo de Belgique. Il fournit aussi des denrées alimentaires et du papier hygiénique. « Ma carrière a décollé grâce aux papiers toilettes » raconte avec humour le PDG du Groupe Ledya. « Les sociétés belges Scoottex et Domex m’ont fait confiance et me fournissaient papiers toilettes, essuies-tout, serviettes de table et mouchoirs en papier. »
De fil en aiguille, Lengo diversifie son stock avec de la quincaillerie, des objets en plastique et des gros appareils électroménagers. Dans la foulée, il inaugure deux boulangeries à Kinshasa.
Audacieux, le trentenaire Lengo étend ses activités aux chambres froides, à Kinshasa et à Matadi. Il y stock de la viande et du poisson importés de Belgique et de Namibie qu’il revend aussitôt aux supermarchés du pays.
Pour fluidifier ses activités, il investit dans l’achat de 10 véhicules, pour atteindre aujourd’hui un parc de 80 camions. Et, avec International Container Terminal Services (ICTSI), son partenaire philippin, il réhabilite le port du quartier Ango-Ango, situé dans la commune de Matadi, dans la province du Kongo-Central. C’est d’ailleurs ce qui a donné naissance à la Société Congolaise de Pêche (SOCOPE) détenu à 70% par le Groupe Ledya. Le tiers restant est partagé entre l’État Congolais et des Investisseurs privés pour l’opération du port de Ango-Ango et la pêche en haute mer.
À Matadi, Jean Lengo constate qu’il n’y a aucune infrastructures hôtelières, c’est ainsi qu’il décide de créer un, deux, puis trois et quatre hôtels. Idem pour l’Agence Internationale pour le Dédouanement et le Leasing (AIDEL) ; une structure maritime agréé pour la représentation des navires et un commissionnaire en douane pour les services de transit des marchandises diverses, y compris les produits en vrac, en containers, jusqu’aux produits pétroliers.
À l’an 2000, Jean Lengo est soucieux pour sa nation. La deuxième guerre du Congo sévit déjà depuis deux ans, engendrant entres autres catastrophes, de nombreux décès pour cause principale de famine. Ne pouvant rester inactif face à ce drame humanitaire, Jean Lengo crée Leditac et investit dans l’agriculture mécanisée, levier puissant pour mettre fin à l’extrême pauvreté, renforcer le partage de la prospérité et nourrir des millions congolais dans la souffrance.
Philantrope, il ne s’arrête pas là. Il dit : « L’éducation est le ciment de la nation mais sans école digne de ce nom, difficile d’apprendre. »
Récemment, dans la droite lignée de la gratuité de l’enseignement prônée par le Chef de l’État, SEM Félix Tshisekedi, Matadi Gateway Terminal (MGT), société du Groupe Ledya et géant de la manutention a offert 300 bancs à 6 écoles de la sous-division I et II de la ville de Matadi. Et, Jean Lengo promet qu’avant décembre 2023, ils exécuteront encore trois projets dans les domaines de la santé et de l’éducation.
Le Président du Groupe Ledya a également procédé à la création d’un établissement scolaire comportant trois salles de classes, un château d’eau d’1m3, des sanitaires flambants neufs. Une action qui a permit de remplacer les écoles délabrées qui faisaient offices d’école pour les enfants du village.
L’un de ses salariés à SOGECAR racontait avec émotion que le Président Lengo est une perle rare en RDC. Il a crée un partenariat avec plusieurs hôpitaux du pays afin d’assurer et prendre en charge les soins de ses salariés en cas de maladie.
Le chairman agit de façon désintéressée. Sa seule préoccupation est d’améliorer la condition matérielle et morale des hommes. Et sans jamais se vanter de ses actions.
Monsieur Andy-André Limbaya-Menga, salarié SOGECAR