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lundi, novembre 17, 2025

Trump et Xi à Busan : un sommet sous tension entre rivalité et concessions commerciales

Trump et Xi à Busan : tensions nucléaires, terres rares et soja au cœur d’un sommet stratégique

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Le président américain, qui venait d’annoncer la relance immédiate des essais d’armes nucléaires, a qualifié son homologue chinois de « redoutable négociateur » tout en se disant confiant dans une rencontre « très réussie », alors que débutaient leurs entretiens en Corée du Sud. Xi Jinping, de son côté, a déclaré que c’était « un plaisir de revoir » Donald Trump, alors que les deux dirigeants posaient pour les photographes dans un austère bâtiment de l’aéroport de Busan. Selon le président chinois : « La Chine et les États-Unis peuvent assumer conjointement leurs responsabilités de grandes puissances et travailler ensemble à la réalisation de projets plus ambitieux et concrets, pour le bien de nos deux pays et du monde entier. »

Les deux dirigeants ont ensuite entamé une réunion bilatérale avec leurs délégations. Donald Trump n’a pas répondu à une journaliste qui lui demandait de commenter sa récente et surprenante annonce nucléaire. Il a ordonné à son ministère de la Défense de « commencer à tester » les armes nucléaires des États-Unis, après que son homologue russe Vladimir Poutine l’a défié avec un test d’un drone sous-marin à capacité nucléaire. « Les États-Unis possèdent plus d’armes nucléaires que tout autre pays », a-t-il souligné sur son réseau Truth Social. « La Russie arrive en deuxième position, et la Chine, loin derrière en troisième, mais elle rattrapera son retard d’ici cinq ans. »

Cette situation instaure un rapport de forces juste avant que les deux dirigeants ne s’attablent pour tenter de finaliser une trêve commerciale préparée par leurs conseillers ces derniers jours. Les deux hommes se connaissent bien, s’étant rencontrés à cinq reprises durant le premier mandat du républicain, mais leur dernière entrevue remonte à 2019. Depuis, la rivalité entre les deux superpuissances n’a cessé de s’intensifier, et Donald Trump, de retour au pouvoir en janvier, a lancé une offensive protectionniste radicale, au service de son idéologie « L’Amérique d’abord ».

Terres rares et soja

Le président américain a déjà laissé entrevoir une baisse des droits de douane imposés à la Chine, ceux-ci ayant été appliqués par Washington en raison de la responsabilité de Pékin, selon les États-Unis, dans les ravages causés par le trafic de fentanyl. En contrepartie, la Chine pourrait accepter de retarder l’application de ses restrictions à l’exportation de terres rares, matériaux essentiels pour l’industrie (automobile, smartphones, armement) sur lesquels Pékin détient un quasi-monopole. Selon le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, le géant asiatique envisagerait également de reprendre ses achats de soja aux États-Unis, un enjeu sensible politiquement à l’heure où les agriculteurs américains souffrent.

Ce sommet survient après quelques semaines particulièrement mouvementées. Le 19 septembre, Donald Trump annonçait une prochaine rencontre avec son homologue chinois, après une conversation téléphonique « très productive ». Mais les sujets de friction se sont rapidement accumulés, jusqu’à la décision de Pékin, le 9 octobre, de restreindre ses exportations de terres rares, menaçant de compromettre le grand programme de réindustrialisation du locataire de la Maison Blanche. Le milliardaire new-yorkais, dénonçant une manœuvre « hostile », avait menacé d’imposer des surtaxes douanières écrasantes et de boycotter la rencontre, avant de se radoucir, dans l’une des volte-face dont il a le secret.

Objectif : apaiser les tensions

L’accord commercial en gestation ne règlera pas les contentieux de fond entre les deux puissances, qui sont à la fois économiques et stratégiques. Donald Trump voit d’un mauvais œil les manœuvres diplomatiques de son homologue chinois pour rallier les grands pays émergents et s’est plusieurs fois irrité des liens entre la Chine et la Russie.

Mais le président américain a aussi intérêt, politiquement, à annoncer l’un de ces « deals » dont il raffole, alors qu’il est empêtré dans une crise budgétaire prolongée. La rencontre avec Xi Jinping conclut, sur une note plus sobre, une tournée asiatique où il a été accueilli avec tous les égards en Malaisie, au Japon et en Corée du Sud, avec des cadeaux fastueux et des promesses de gigantesques investissements aux États-Unis.

Après 1h40 d’entretiens, Donald Trump a quitté la Corée du Sud. Les dirigeants des deux plus grandes économies du monde se sont serré la main à l’issue de leur rencontre, mais n’ont pas fait de déclaration aux médias.

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