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lundi, novembre 17, 2025

Soudan : les exactions sur les civils « se multiplient » après la prise d’El-Fasher par les FSR

Depuis la chute d’El-Fasher, les témoignages et images confirment l’ampleur des massacres, pillages et violences sexuelles perpétrés par les FSR.

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Priscilla Wolmer
Priscilla Wolmerhttp://www.54etats.com
FONDATRICE ET DIRECTRICE DU MÉDIA 54 ÉTATS

Au Soudan, les témoignages et preuves d’atrocités commises par les Forces de soutien rapide (FSR) se multiplient depuis la chute d’El-Fasher, dans le Darfour Nord. Selon plusieurs rapports d’organisations humanitaires, les paramilitaires se sont livrés à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité à l’encontre de civils désarmés, depuis le 26 octobre, date de leur entrée dans cette ville assiégée depuis un an et demi.

Une ville tombée aux mains des FSR

Le 28 octobre, la coordination des comités de résistance d’El-Fasher a confirmé la mort du dernier soldat loyaliste. La ville est désormais entièrement contrôlée par les FSR, qui se livrent à des violences méthodiquement préparées, selon le gouvernement de Khartoum. Les miliciens exhibent eux-mêmes ces exactions sur les réseaux sociaux, où ils se mettent en scène dans une propagande macabre.

Des images insoutenables

Les images satellites analysées par les chercheurs de l’Université Yale montrent des traces de sang dans les rues et devant les maisons, des quartiers entiers pillés puis incendiés, y compris le musée Ali Dinar. Des vidéos diffusées par les FSR eux-mêmes documentent des exécutions à bout portant, des pendaisons et d’autres sévices d’une brutalité extrême.

Des membres du Croissant-Rouge soudanais ont été battus, humiliés et enlevés. Six professionnels de santé figurent parmi les disparus, leurs familles contraintes de payer des rançons.

Des civils pris pour cible

Les forces conjointes de l’armée soudanaise affirment que 2 000 civils ont été tués à El-Fasher. Le général Abou Loulou, de son vrai nom Issa Fatef Abdallah Idriss, commandant FSR, s’est même vanté sur TikTok d’avoir « tué 2 000 civils et peut-être plus », déclarant être prêt à recommencer.

Parmi les victimes figure Mohamad Khamis Douda, volontaire connu des médias internationaux, notamment 54 ÉTATS exécuté sommairement comme des centaines d’autres civils. Les rescapés, réfugiés dans le camp de Tawila, à 60 km de la ville, parlent de « scènes de génocide », selon un journaliste de l’AFP présent sur place.

Témoignages de réfugiés et inquiétudes de l’ONU

À Tawila, les équipes de Médecins sans frontières décrivent une situation humanitaire catastrophique. Selon Sylvain Pénicaud, directeur de projet de MSF, la majorité des réfugiés sont traumatisés, blessés et affamés après des jours de fuite.

Le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) évoque des rapports « d’exécutions atroces » et de violences sexuelles systématiques contre les femmes et les jeunes filles, commises pendant les assauts ou sur les routes de l’exil. L’agence onusienne alerte sur une « escalade de violences brutales » et sur la peur panique des familles ayant survécu à 500 jours de siège.

Un drame humanitaire d’ampleur

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 177 000 civils se trouvent encore dans la ville et ses environs, tandis que 26 000 ont fui depuis dimanche dernier.

Cinq volontaires du Croissant-Rouge soudanais ont également été tués à Bara, dans le Kordofan du Nord, passée elle aussi sous le contrôle des FSR. Trois autres volontaires restent portés disparus.

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