Né d’un besoin viscéral de connexion entre les mondes caribéens et africains, Investir – Caraïbe – Afrique – Monde se veut plus qu’un média : un manifeste pour une économie consciente, fière et inclusive. Sa fondatrice, ancrée entre la Guadeloupe et Abidjan, défend une philosophie de l’investissement humain, culturel et territorial, au service d’une génération afrodescendante prête à créer de la valeur et à construire son propre narratif.
54 ÉTATS : Quel a été le déclencheur de la création du magazine Investir – Caraïbe – Afrique – Monde ?
Malika Jean-François : Tout est parti d’un manque. Le manque de nous voir, de nous lire, de nous raconter. Et surtout, celui de créer de vrais liens entre des parcours qui vont de la Caraïbe à l’Afrique et de l’Afrique à la Caraïbe.
Chaque rencontre m’a révélé la richesse de nos talents et la nécessité d’un espace où nos ambitions seraient au centre. Investir – Caraïbe – Afrique – Monde est né d’un besoin viscéral de transmission, de fierté partagée et d’affirmation. Il affirme haut et fort que nous comptons, que nous écrivons notre propre histoire avec conviction et positivité.
54 ÉTATS : Vous vivez aujourd’hui entre deux mondes, la Guadeloupe et la Côte d’Ivoire. Comment cela influence-t-il votre vision ?
Malika Jean-François : Ce parcours m’a façonnée. Je me sens fille guadeloupéenne de l’Afrique. J’ai appris à transformer la mémoire en capital créatif et économique. Aujourd’hui, il s’agit de bâtir une génération consciente de son histoire, mais capable d’innover, de collaborer et d’entreprendre autrement. Notre héritage n’est pas un poids : c’est une ressource.
54 ÉTATS : Votre éditorial de lancement évoque “oser faire naître ce qui manque”. Qu’est-ce qui manquait selon vous ?
Malika Jean-François : La fierté d’oser rêver grand. Nos récits sont souvent enfermés dans la douleur ou le folklore. J’avais envie d’un média qui montre notre puissance d’action, notre capacité à innover, à influencer positivement nos sociétés. Un média qui célèbre ceux qui bâtissent, créent et transforment — pour que nous ne soyons plus seulement inspirés, mais inspirants.
54 ÉTATS : Pourquoi avoir choisi le mot “Investir” ?
Malika Jean-François : Parce qu’investir est un verbe d’action et de foi. Ce magazine n’est pas seulement économique : c’est une philosophie de vie. Investir, c’est croire en la valeur de l’humain, miser sur nos savoirs, nos cultures, nos idées. C’est bâtir aujourd’hui en pensant à ce que nous laisserons demain.
54 ÉTATS : Quelle est la vocation principale du magazine ?
Malika Jean-François : Être un média d’élévation. Reconnecter nos imaginaires, valoriser nos réussites et replacer nos territoires dans une dynamique d’avenir. Mais aussi être un outil d’éducation économique : apprendre à créer de la valeur, à maîtriser l’argent, à transformer nos idées en richesse collective. Parce que la vraie indépendance, c’est celle du pouvoir d’agir.
54 ÉTATS : Vous parlez souvent de dignité, de mémoire et de transmission…
Malika Jean-François : Sans mémoire, on avance sans racines. Sans dignité, on perd le sens. Et sans transmission, tout s’arrête à nous. Ces trois piliers sont au cœur de notre démarche et du magazine : une fierté utile, tournée vers la construction et la relève.
54 ÉTATS : Quel rôle pour les femmes et la jeunesse dans cette dynamique ?
Malika Jean-François : Les femmes sont les piliers de la transformation : elles dirigent, créent, entreprennent. La jeunesse, elle, est au centre. Nous voulons lui transmettre une culture entrepreneuriale, une autonomie économique et la conviction que son identité est une force. D’où la création de notre association La Caraïbe Investit, pour former et connecter les jeunes entre la Caraïbe et l’Afrique.
54 ÉTATS : Si vous deviez résumer la mission du magazine ?
Malika Jean-François : Faire de l’information un levier d’action. Inspirer, connecter et outiller ceux qui veulent créer de la valeur et impacter positivement nos territoires.
BIO EXPRESS
Malika Jean-François est originaire de Guadeloupe et de Marie-Galante. Installée à Abidjan depuis huit ans, elle est la fondatrice du magazine Investir – Caraïbe – Afrique – Monde et de l’association La Caraïbe Investit. Son ambition : créer des passerelles culturelles et économiques durables entre les mondes afrodescendants.
