Alors que plusieurs pays occidentaux – Royaume-Uni, Australie, Canada – ont officialisé ce dimanche leur reconnaissance de l’État de Palestine, et que la France s’apprête à en faire autant le 22 septembre, l’Afrique apparaît depuis longtemps en avance sur ce terrain diplomatique. Sur les 54 pays du continent, 52 reconnaissent déjà la Palestine comme État souverain. Seules deux exceptions subsistent : le Cameroun et l’Érythrée.
La solidarité africaine s’est exprimée dès la proclamation d’indépendance palestinienne par Yasser Arafat le 15 novembre 1988 à Alger, dans un discours rédigé par le poète Mahmoud Darwich. L’Algérie fut alors le premier pays au monde à reconnaître la Palestine, rapidement suivie par ses voisins du Maghreb – Maroc, Tunisie, Mauritanie – et par la RASD (Sahara occidental). Dans les semaines qui suivirent, 75 pays prirent la même décision, dont une majorité d’États africains : Égypte, Soudan, Nigeria, Sénégal, Burkina Faso, Guinée, entre autres. Pour beaucoup de nations récemment décolonisées, la lutte palestinienne faisait écho à leur propre combat pour l’autodétermination.
En Afrique du Sud, il a fallu attendre la fin de l’apartheid. Le 15 février 1995, Nelson Mandela fit de la reconnaissance de la Palestine l’une de ses premières décisions de politique étrangère. Trente ans plus tard, Pretoria demeure en première ligne : en septembre dernier à l’ONU, le ministre des Affaires étrangères Ronald Lamola appelait « tous les États à reconnaître de toute urgence la Palestine » et saluait la décision de Paris comme une étape vers la solution à deux États.
Au sein de la société civile et universitaire sud-africaine, certains rappellent toutefois que cette reconnaissance tardive des pays occidentaux traduit une « conscience européenne qui se réveille enfin », selon les mots d’un éditorialiste. D’autres dénoncent des décennies de « complicité » face aux souffrances palestiniennes, appelant à un nouvel ordre mondial fondé sur la solidarité Sud-Sud.
Aujourd’hui, seuls le Cameroun et l’Érythrée, en raison de leur coopération sécuritaire étroite avec Israël, n’ont pas encore franchi le pas. L’Afrique, dans son immense majorité, s’affirme donc comme un acteur de longue date du soutien diplomatique à la cause palestinienne.


