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lundi, novembre 17, 2025

Washington bloque l’accès de responsables palestiniens à l’Assemblée générale de l’ONU

Une décision controversée qui relance le débat sur la neutralité du siège des Nations Unies

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À quelques semaines de l’ouverture de la 79ᵉ Assemblée générale des Nations Unies, prévue en septembre à New York, Washington a annoncé son refus d’accorder des visas à plusieurs responsables palestiniens censés rejoindre la délégation officielle. Une décision justifiée par les autorités américaines au nom de la « sécurité nationale », mais qui provoque une vague d’indignation diplomatique.

Selon le Département d’État, l’Autorité palestinienne et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) ne respecteraient pas leurs engagements et chercheraient à « contourner les négociations » par des recours devant la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de Justice (CIJ). Pour Washington, ces « guerres judiciaires » constitueraient une entrave aux perspectives de paix.

Soutien affiché à Israël, colère palestinienne

Israël a rapidement salué la décision américaine, le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar parlant d’une « étape courageuse » en faveur de l’État hébreu.
À Ramallah, l’Autorité palestinienne dénonce une mesure « en contradiction avec le droit international » et appelle Washington à revoir sa position. Pour les responsables palestiniens, cette exclusion équivaut à une remise en cause directe de leur droit à représenter leur peuple au sein de l’ONU.

Réactions diplomatiques en chaîne

L’annonce américaine a suscité de vives critiques en Europe. La France a rappelé que « le siège des Nations Unies est un lieu de neutralité » et qu’aucune délégation ne devrait en être empêchée. « L’ONU ne saurait souffrir d’aucune restriction d’accès », a insisté le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.

Même son de cloche du côté du Luxembourg. Son ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, a dénoncé une « prise en otage diplomatique » et suggéré l’organisation d’une session spéciale à Genève afin de garantir la présence des Palestiniens.

Du côté des Nations Unies, le porte-parole Stéphane Dujarric a rappelé qu’il était « important que tous les États et observateurs permanents soient représentés » et a exprimé l’espoir d’une issue rapide.

Un précédent déjà connu

Ce n’est pas la première fois que les États-Unis, pays hôte du siège onusien, refusent des visas à des délégations. En 1988, Yasser Arafat s’était vu interdire l’entrée sur le sol américain, ce qui avait conduit l’Assemblée générale à se réunir exceptionnellement à Genève. Plus récemment, en 2013, l’ancien président soudanais Omar el-Béchir, visé par un mandat d’arrêt de la CPI, avait été empêché de se rendre à New York.

La situation actuelle intervient dans un contexte particulièrement tendu. La Cour pénale internationale a émis en novembre 2024 des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre présumés dans la bande de Gaza, ainsi que contre le chef militaire du Hamas, Mohammed Deif, depuis décédé.

Une question de crédibilité pour l’ONU

Au-delà de l’affrontement diplomatique, la décision américaine soulève une question de fond : la crédibilité du siège new-yorkais de l’ONU comme espace neutre de dialogue international. Si les restrictions persistent, une partie de la communauté internationale pourrait relancer le débat sur l’opportunité de déplacer certaines sessions onusiennes hors des États-Unis, afin de garantir un accès sans entraves à toutes les délégations.

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