16.1 C
Paris
mercredi, juillet 9, 2025

Togo – Manifestations à Lomé : le ministre Gilbert Bawara assume la fermeté

« L’État ne cédera pas au désordre et au chaos »

À lire ou à écouter

Priscilla Wolmer
Priscilla Wolmerhttp://www.54etats.com
FONDATRICE ET DIRECTRICE DU MÉDIA 54 ÉTATS

Des rues barricadées, des pneus en flammes, des gaz lacrymogènes : la capitale togolaise, Lomé, a connu une nouvelle journée de tensions, ce 26 juin. Des groupes de manifestants, souvent jeunes, se sont rassemblés dans plusieurs quartiers pour dénoncer la vie chère, des atteintes aux libertés et une réforme constitutionnelle controversée. En réponse, les forces de l’ordre ont été déployées massivement pour disperser les attroupements non autorisés. Face à cette contestation, rare ces dernières années, le gouvernement assume une position de fermeté.

Une colère sociale qui s’installe

C’est le deuxième appel à manifester en moins d’un mois lancé par la société civile et des figuresinfluentes sur les réseaux sociaux. Ils dénoncent l’arrestation de voix critiques, la hausse du prix de l’électricité, mais aussi la récente réforme constitutionnelle ayant permis au président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, d’être désigné président du Conseil – une fonction désormais sans limitation de mandat. Dans certains quartiers comme Hedzranawoé ou Novissi, les commerces ont fermé. Par solidaritépour les manifestants pour les uns, par crainte des débordements pour d’autres.« J’ai décidé de tout fermer aujourd’hui. Trop, c’est trop. Nous voulons le changement », déclare Hélène, commerçante.« J’ai peur d’ouvrir ma boutique. Ces mouvements dégénèrent parfois en pillages », explique Afi, tenancière d’un kiosque.

L’affairre Aamron et les tensions persistantes

L’une des figures de cette contestation, le rappeur Aamron, critique du régime, avait été arrêté fin maipuis interné à l’hôpital psychiatrique. Sa libération récente est perçue par certains comme un geste d’apaisement. Mais les tensions restent vives : une cinquantaine de manifestants ont été interpellés lors des mobilisations des 5 et 6 juin. Amnesty International a appelé à l’ouverture d’une enquête sur de possibles cas de torture.

Le gouvernement, de son côté, affirme ne pas avoir été officiellement saisi.

Gilbert Bawara défend la ligne gouvernementale

Le ministre Gilbert Bawara, en charge de la Réforme du service public, du travail et du dialogue social,a pris la parole mardi sur une radio locale.

Il a dénoncé une tentative « manifeste de semer le désordre » et rappelé que les manifestations sans autorisation étaient illégales.« L’État ne se laissera pas faire », a-t-il prévenu.

« Tout ce qui pourrait faire reculer notre pays dans son élan de progrès doit être proscrit. » Concernant l’affaire Aamron, le ministre parle d’une « situation regrettable » liée à « des injurespubliques et de la diffamation », jugeant que le dossier ne nécessitait pas de poursuite judiciaire. Il y voit un geste d’apaisement dans un contexte tendu. Interrogé également sur le retard dans la formation du nouveau gouvernement, Gilbert Bawara s’est voulu rassurant : « L’équipe actuelle continue d’exercer efficacement ses fonctions. Le pays fonctionne normalement. »

Quant à une éventuelle adhésion du Togo à l’Alliance des États du Sahel (AES), il a précisé que cettedécision relèverait du Président du Conseil, soulignant toutefois que le Togo privilégie la stabilité et le bon voisinage diplomatique.

- Events -spot_img

Plus d'articles

- Evénements -spot_img

Dernières actualités