La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda doivent signer ce vendredi 27 juin, à Washington, un accord de paix visant à mettre un terme à l’intensification des violences dans l’est congolais, qui ont coûté la vie à plusieurs milliers de personnes et provoqué le déplacement de centaines de milliers d’autres.
Cet accord s’appuie sur une Déclaration de principes entérinée en avril par les deux pays. Il prévoit notamment le respect de l’intégrité territoriale, la cessation des hostilités, ainsi qu’un mécanisme conjoint de coordination en matière de sécurité. Le texte sera officiellement paraphé lors d’une réunion ministérielle en présence du secrétaire d’État américain Marco Rubio et des chefs de la diplomatie congolaise et rwandaise, Thérèse Kayikwamba Wagner et Olivier Nduhungirehe. Une rencontre avec le président américain est également prévue à la Maison Blanche.
L’accord a été finalisé au terme de trois jours de négociations politiques, sécuritaires et économiques à Washington entre les délégations rwandaise et congolaise. Parmi les engagements notables : le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques.
Une médiation élargie
Le Qatar, qui avait accueilli en mars dernier les présidents Paul Kagame et Félix Tshisekedi à Doha, a également contribué à la médiation. Une seconde rencontre entre les deux chefs d’État est envisagée pour le mois de juillet à Washington.
Le président américain, très impliqué dans ce processus, s’est publiquement félicité de cette avancée diplomatique, la qualifiant de « grand jour pour l’Afrique et pour le monde », tout en affirmant avoir « mis fin à une guerre sanglante ».
Le M23, au cœur des tensions
L’accord intervient alors que les tensions entre les deux pays ont été ravivées par l’offensive fulgurante du Mouvement du 23 mars (M23), qui a pris le contrôle de Goma en janvier puis Bukavu en février, entraînant des violences meurtrières. Accusé par Kinshasa d’être soutenu par Kigali, le M23 demeure au cœur des préoccupations régionales. Le Rwanda rejette ces accusations, arguant que sa sécurité est menacée par des groupes armés présents en RDC, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), créées par d’anciens responsables du génocide de 1994.
Depuis 2021, malgré plusieurs cessez-le-feu annoncés, les combats se sont poursuivis entre les forces gouvernementales congolaises, leurs alliés, et les milices rebelles, plongeant l’est du pays dans une crise humanitaire majeure.
Une paix conditionnée à des investissements
Pour les États-Unis, cet accord marque une étape importante dans la stabilisation de la région des Grands Lacs. « C’est un tournant pour la paix, mais il faudra une mise en œuvre concrète sur le terrain », a souligné le porte-parole adjoint du département d’État. Il a également rappelé que les investissements économiques tant espérés ne viendront qu’avec la stabilité.
Aucune précision n’a été donnée sur les volets économiques de l’accord. Néanmoins, le président congolais avait évoqué en avril dernier un possible partenariat minier avec les autorités américaines, lors de la visite à Kinshasa du conseiller spécial pour l’Afrique, Massad Boulos.
Une région stratégique
Riche en ressources naturelles, la RDC est le premier producteur mondial de cobalt et détient près de 60 % des réserves mondiales de coltan, un minerai indispensable à l’industrie électronique. Une richesse stratégique qui attise de nombreuses convoitises et figure au cœur des enjeux du conflit.
Malgré les nombreuses initiatives diplomatiques lancées ces dernières années – notamment sous l’égide de l’Angola –, les précédents efforts de médiation ont échoué à faire taire les armes. Cet accord signé sous l’impulsion de Washington représente peut-être la dernière chance de sortir durablement de l’impasse.