11.9 C
Paris
mercredi, juillet 9, 2025

Patrice Talon sonne l’alarme pour une intégration économique crédible en Afrique de l’Ouest

À lire ou à écouter

Isaga Anne
Isaga Anne
Journaliste Reporter d'Images

Le premier Sommet économique de l’Afrique de l’Ouest s’est clôturé le samedi 21 juin à Abuja dans une atmosphère pesante, marquée par l’absence de nombreux chefs d’État de la région. Seuls quatre dirigeants ouest-africains ont répondu à l’invitation du président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, illustrant une fois encore la crise de confiance qui traverse la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Ni la Mauritanie ni les trois pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) – Mali, Niger et Burkina Faso – n’ont fait le déplacement, malgré une invitation formelle.

Dans ce contexte de division régionale, le discours du président béninois, Patrice Talon, a retenu l’attention. Se démarquant par son ton direct et sa clarté, le chef de l’État béninois a prononcé une intervention non préparée qui s’est conclue sous les applaudissements nourris de l’audience. Véritable plaidoyer pour une intégration régionale concrète, son discours a marqué les esprits.

Un appel à l’action immédiate

Patrice Talon a lancé un appel à une intégration ouest-africaine réelle, soulignant l’urgence de dépasser les discours de principe. Il a proposé que le Bénin et le Nigeria initient un noyau dur de coopération bilatérale, qui pourrait servir de socle au renouveau de la Cédéao. Devant les chefs d’État présents et les ministres de son propre gouvernement, il a exhorté ses collaborateurs à prendre contact immédiatement avec leurs homologues nigérians pour amorcer une coordination pragmatique entre les deux pays.

Analyse d’un système bloqué

Le président béninois n’a pas éludé les causes de l’inertie actuelle de l’organisation régionale. Dans un exercice d’autocritique rare à ce niveau, il a pointé du doigt le manque d’application des décisions communautaires, et surtout, la déconnexion entre les engagements des chefs d’État et leur mise en œuvre par les administrations nationales. Selon lui, ce décalage structurel empêche toute dynamique réelle d’intégration.

De son côté, le président hôte a évoqué la nécessité de relancer la Cédéao à travers une approche plus économique et moins bureaucratique, mais sans entrer dans le même niveau de détail ou d’engagement que Patrice Talon.

Des propositions concrètes

Parmi les autres interventions notables figure celle du ministre ghanéen des Finances, qui a plaidé pour la création d’un passeport spécial à destination des fondateurs de start-up, ainsi qu’un fonds régional dédié à l’innovation.

Quelle suite pour l’appel de Talon ?

Reste désormais à mesurer l’impact réel de cette intervention. Le discours de Patrice Talon a le mérite de poser les termes d’un débat essentiel : l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest peut-elle encore se construire sur les fondations actuelles de la Cédéao, ou faut-il un nouveau départ ? Ce sommet, en demi-teinte sur le plan diplomatique, pourrait bien rester dans les mémoires comme le point de départ d’une refondation.

- Events -spot_img

Plus d'articles

- Evénements -spot_img

Dernières actualités