Le conflit entre Israël et l’Iran a franchi un nouveau seuil critique depuis vendredi, plongeant la région dans une spirale de violence sans précédent depuis des années. Dimanche 15 juin, Israël a mené une série de frappes massives sur plusieurs villes iraniennes, dont la capitale Téhéran et la métropole de Machhad, en ciblant notamment des sites militaires et des installations de missiles dans l’ouest du pays. Le ministère iranien de la Santé fait état d’au moins 224 morts, dont de nombreuses femmes et enfants, et près de 900 blessés hospitalisés. En Israël, les autorités annoncent 13 morts et 9 blessés graves depuis le début des affrontements.
Une guerre ouverte et asymétrique
L’armée israélienne affirme avoir visé des sites de lancement de missiles sol-sol au cœur de l’Iran, en riposte à des tirs précédents. Le lieutenant-colonel Nadav Shoshani a confirmé que les frappes ont été menées à la fois depuis l’espace aérien israélien et depuis celui de l’Iran, illustrant l’ampleur et la précision des opérations en cours.
Les pertes humaines sont particulièrement lourdes côté iranien. Selon les autorités de Téhéran, plus de 90 % des victimes sont des civils. Parmi les cibles frappées, un dépôt pétrolier stratégique situé à Shahran a été endommagé, mais la situation y serait « sous contrôle » selon les services iraniens.
Répercussions régionales et internationales
Les tensions ne se limitent pas aux deux pays belligérants. En Syrie, déjà fragilisée par plus d’une décennie de guerre, la chute d’un drone – probablement iranien – a tué une femme dans la région de Tartous. De nombreux missiles ont également été interceptés dans le ciel syrien ces derniers jours, faisant craindre un embrasement régional.
Les États-Unis ont réagi avec prudence. Alors que les discussions sur le nucléaire prévues à Oman ont été annulées, le président Donald Trump s’est dit ouvert à une médiation russe, suggérant un rôle potentiel de Vladimir Poutine. Il a également réaffirmé son opposition à un projet israélien visant à éliminer l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême iranien.
Pressions économiques et diplomatie paralysée
Le conflit a déjà des répercussions économiques tangibles : les prix du pétrole ont bondi sur les marchés asiatiques, avec une hausse de plus de 9 % depuis vendredi. Les analystes redoutent des perturbations dans le détroit d’Ormuz, par lequel transite près d’un cinquième de la consommation mondiale de pétrole. Les acheteurs de brut sécurisent désormais des contrats à long terme pour anticiper d’éventuelles ruptures d’approvisionnement.
L’Iran a déclaré à ses médiateurs régionaux, le Qatar et Oman, qu’aucune négociation, qu’elle soit nucléaire ou relative à un cessez-le-feu, ne serait possible tant que les attaques israéliennes se poursuivent. Le président iranien a averti d’une riposte « plus forte » si l’agression continue.
Secret défense et contrôle de l’information
La guerre se joue aussi sur le terrain de l’information. En Iran comme en Israël, la censure est omniprésente. Tandis que Téhéran reste opaque sur l’étendue des dégâts militaires, la censure militaire israélienne exige le contrôle préalable des publications relatives aux opérations en cours, aux préparatifs de défense, ou à la coopération internationale. Cette politique, en place depuis des décennies, limite fortement la transparence sur le déroulement des hostilités.
Une spirale incontrôlable ?
La mort confirmée du général Mohammad Kazemi, chef du renseignement des Gardiens de la Révolution, ainsi que celle de deux autres hauts gradés, témoigne de la brutalité croissante du conflit. La perte de figures aussi stratégiques pourrait provoquer une nouvelle escalade des représailles iraniennes.
À mesure que les appels internationaux à la désescalade se multiplient, le conflit Israël-Iran semble entrer dans une phase incontrôlable. Et si certains leaders internationaux évoquent encore la possibilité d’un accord, la réalité militaire et politique sur le terrain rend cette perspective chaque jour plus incertaine.