Un pas décisif vient d’être franchi dans la construction d’une souveraineté énergétique régionale en Afrique centrale. Le 2 juin dernier, un protocole d’accord tripartite a été signé à Malabo entre trois institutions clés du continent : l’Organisation africaine des producteurs de pétrole (APPO), la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), et le Central Africa Business Energy Forum (CABEF).
Cette alliance marque le point de départ opérationnel du projet CAPS (Central Africa Pipeline System), destiné à structurer un vaste réseau régional d’infrastructures de transport énergétique. Le projet est porté depuis août 2022 par le CABEF.
L’accord signé à Malabo institue une équipe technique et stratégique conjointe chargée de la conception du tracé, de la structuration financière, du montage juridique et du suivi de la mise en œuvre. Il s’agit de la première étape concrète d’un chantier qui ambitionne de transformer l’architecture énergétique de la sous-région. Gabriel Mbaga Obiang Lima, ancien ministre des Hydrocarbures de la Guinée équatoriale et actuel président du Comité des Partenariats Stratégiques et du Financement de CAPS a procédé à la remise du document final au président de la Commission de la CEMAC, SEM Balthazar Engonga Edjo’o le même jour. Une cérémonie officielle de remise de ce protocole d’accord au Président en exercice de la CEMAC est prévue d’ici la fin de l’année 2025.
Le projet CAPS se veut à la fois un outil d’intégration économique et un vecteur de développement industriel à long terme. En remplaçant le transport routier et maritime des hydrocarbures par un réseau de pipelines interconnectés, il devrait permettre une réduction significative des coûts logistiques – estimée entre 30 et 60 %. Cette infrastructure entend également sécuriser l’approvisionnement en carburants des pays membres, en limitant les risques de ruptures et de blackouts, encore fréquents dans plusieurs capitales d’Afrique centrale.
Le CAPS, un catalyseur de développement local
Outre les milliers d’emplois directs et indirects attendus, le pipeline favorisera l’aménagement du territoire et la diversification économique hors secteur pétrolier brut. À plus long terme, il permettra la signature de contrats transfrontaliers stables, contribuant à structurer un véritable marché régional de l’énergie.
Les signataires insistent également sur les avantages environnementaux du projet : réduction du recours aux camions polluants, meilleure maîtrise des risques liés au transport, et amélioration des conditions de financement grâce à une meilleure « bancabilité » des infrastructures.
Dans un contexte marqué par l’urgence climatique, l’instabilité énergétique et les ambitions de transition du continent, le protocole de Malabo symbolise une volonté commune de bâtir une Afrique centrale plus souveraine, plus résiliente et mieux intégrée. Le projet CAPS, s’il parvient à surmonter les défis politiques, techniques et financiers à venir, pourrait bien devenir l’épine dorsale énergétique d’une nouvelle ère de coopération régionale.