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vendredi, juin 20, 2025

Retrait brutal de l’USAID : l’Afrique encaisse le choc

Le retrait précipité de l’USAID fragilise les aires protégées et les efforts de lutte contre les crimes environnementaux sur le continent.

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Le retrait précipité de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) de plusieurs programmes de protection de la nature en Afrique crée un vide difficile à combler. Longtemps considéré comme l’un des principaux bailleurs de fonds dans le secteur de la conservation, l’USAID a brutalement mis fin à ses financements dans plusieurs pays, fragilisant la surveillance des parcs nationaux, le suivi scientifique de la faune et la lutte contre la criminalité environnementale.

En République démocratique du Congo (RDC), ce désengagement a eu un effet immédiat. L’USAID finançait en moyenne un tiers du budget des aires protégées, via des ONG partenaires telles que le World Wildlife Fund (WWF) ou la Wildlife Conservation Society (WCS), en collaboration avec l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN). Le parc national de la Salonga, cogéré par le WWF et l’ICCN, en est un exemple emblématique. S’étendant sur plus de 34 000 km², ce parc plus vaste que la Belgique abrite près de 40 % de la population mondiale de bonobos. Son avenir est aujourd’hui incertain, tout comme celui du parc national de Kahuzi-Biega et de la Réserve de faune à okapis, tous deux classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

La RDC n’est pas un cas isolé. Au Ghana, le retrait des fonds compromet la création de la première aire marine protégée, essentielle pour préserver les ressources halieutiques de communautés côtières entières. En Afrique du Sud, le programme Khetha, initié en 2018 pour lutter contre le braconnage dans la région du parc national Kruger, voit son avenir suspendu. Au Mali, des projets d’alphabétisation ont été interrompus, et en Ouganda, les coupes budgétaires impactent gravement les programmes de santé, notamment dans la lutte contre le VIH/SIDA.

Ces désengagements successifs révèlent la dépendance structurelle de nombreux pays africains à l’aide extérieure pour financer leurs politiques de conservation. Selon certaines estimations, les réductions de l’aide américaine pourraient faire basculer plusieurs millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté d’ici 2030. Pour tenter de faire face, des initiatives locales émergent, comme la création de l’Africa NGO Resilience Platform (ANRP), qui aide les organisations africaines à diversifier leurs sources de financement et à renforcer leur autonomie.

Le retrait de l’USAID agit comme un électrochoc. Il souligne l’urgence pour les États africains de développer des mécanismes de financement durables pour protéger leur patrimoine naturel. Mais sans une mobilisation accrue de la communauté internationale, les efforts accomplis ces dernières décennies pourraient être réduits à néant. Le sort des écosystèmes africains et des millions de personnes qui en dépendent est aujourd’hui en suspens.

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