La Guinée équatoriale franchit une nouvelle étape majeure dans sa stratégie énergétique avec la signature d’un protocole d’accord (MoU) avec la société chinoise Shanghai SupeZet pour la construction d’une raffinerie de pétrole. Conclu le 2 mai dernier à Shanghai entre le Vice-président équatoguinéen Nguema Obiang Mangue et le président de SupeZet, Zhang Jinhong, cet accord marque un tournant décisif pour le pays, qui ambitionne de devenir un pôle régional de raffinage en Afrique centrale.
Ce projet vise à traiter localement le brut équatoguinéen pour un usage domestique, réduisant ainsi la dépendance du pays aux importations de carburants. En augmentant sa capacité de raffinage nationale, la Guinée équatoriale entend renforcer sa balance commerciale, favoriser la création d’emplois, stimuler le transfert de technologies et accroître l’autonomie énergétique.
La future raffinerie viendra s’ajouter à d’autres projets d’infrastructures stratégiques, notamment la raffinerie de Bata développée en partenariat avec la China Railway Construction Corporation. Celle-ci devrait permettre de traiter 20 000 barils de brut par jour, renforçant ainsi la base industrielle du pays et contribuant à sa diversification économique à long terme.
Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie plus large de développement du secteur énergétique, qui englobe la revitalisation de l’amont pétrolier, la diversification vers le gaz naturel et l’adoption progressive d’énergies propres. À cet effet, la Chambre africaine de l’énergie (AEC) collabore étroitement avec le Conseil national de développement économique et social de la Guinée équatoriale pour améliorer le contenu local, mobiliser des financements et renforcer les capacités institutionnelles. Des formations ciblées sont notamment mises en place pour doter les talents locaux des compétences techniques nécessaires à la gestion de projets pétroliers et gaziers d’envergure.
En parallèle de cette expansion du secteur aval, le pays prépare un nouveau cycle de licences pour 2025 afin de dynamiser l’exploration et la production. Des blocs stratégiques tels que H et 02 – précédemment attribués à Atlas Oranto Petroleum et PanAtlantic Energy – seront proposés aux investisseurs. Le cycle précédent, en 2019, avait attiré 53 entreprises et donné lieu à 17 offres, témoignant de l’attrait persistant du potentiel en hydrocarbures du pays.
La Guinée équatoriale enregistre également des avancées significatives sur plusieurs actifs clés. En 2024, Chevron a signé des contrats de partage de production (PSC) pour les blocs EG-06 et EG-11 via sa filiale Noble Energy. En collaboration avec Marathon Oil, la société travaille aussi sur la deuxième phase du projet Gas Mega Hub, qui traitera le gaz du champ Alba, tandis que la phase III intégrera celui du champ Aseng. VAALCO Energy, qui a finalisé un PSC pour le bloc P en août 2024, se prépare à lancer une nouvelle campagne de forage. Par ailleurs, la prise de contrôle du champ Zafiro par GEPetrol, suite au retrait d’ExxonMobil, a donné lieu à un plan de développement en plusieurs phases, incluant un contrat de 350 millions de dollars avec Petrofac pour optimiser la production et les infrastructures du bloc B.
« La Guinée équatoriale s’emploie à développer l’ensemble de sa chaîne de valeur énergétique afin de garantir une sécurité énergétique durable, une croissance industrielle et une diversification économique. Cet accord pour la nouvelle raffinerie, s’ajoutant aux investissements en amont, dans le gaz et les énergies propres, démontre notre volonté de bâtir un secteur énergétique moderne et résilient, au service de nos citoyens et de nos partenaires régionaux », a déclaré Antonio Oburu Ondo, ministre des Hydrocarbures et du Développement minier.
La Guinée équatoriale est désormais en pleine ascension comme plateforme régionale d’innovation et de leadership énergétique.
