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vendredi, juin 20, 2025

RDC : Vives interrogations autour de la gestion de 19 millions USD destinés à une prison à Kisangani

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Beni Kinkela
Beni Kinkela
Journaliste politique - correspondant à Kinshasa (RDC)

Un vent de suspicion souffle sur un projet pénitentiaire en République démocratique du Congo. La construction d’une prison à Kisangani, censée désengorger les établissements de la région, est au cœur d’une controverse financière. Le député national Willy Mishiki a saisi l’Assemblée pour demander des explications publiques à trois membres du gouvernement – ceux en charge de la Justice, du Budget et des Finances – autour d’un montant de près de 20 millions de dollars dont le décaissement pose question.

Des fonds versés à une entreprise privée sous le radar

La polémique repose sur une note confidentielle émanant de la Cellule nationale des renseignements financiers (Cenaref), adressée directement à la cheffe du gouvernement, Judith Suminwa. Ce document révèle que 19 millions de dollars ont déjà été transférés sur le compte bancaire d’une société de construction, alors même que le contrat n’aurait pas reçu toutes les validations administratives requises. Pire encore, l’entreprise bénéficiaire serait de création récente, sans antécédents notoires dans le secteur.

Willy Mishiki dénonce un manque de transparence dans la procédure d’attribution, évoquant un cas potentiel de détournement de fonds publics. Il interpelle l’exécutif sur la légalité du processus, la sélection de l’entreprise et l’opacité autour de cette transaction.

Un projet stratégique, mais controversé

Du côté du gouvernement, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, défend le bien-fondé du projet, qu’il qualifie de priorité nationale. Selon lui, la prison de Kisangani, prévue pour accueillir 3 000 détenus sur une période de construction de 18 mois, s’inscrit dans une stratégie plus large de réforme du système carcéral. Ce plan prévoit également la création de quatre établissements similaires à Kinshasa.

Le ministre précise que les fonds versés sont actuellement consignés dans un compte séquestre, inaccessible tant que le processus n’a pas reçu un feu vert officiel de la primature. Il souligne qu’aucune décision finale n’a encore été prise, et que le dossier est toujours à l’étude au niveau du cabinet de la Première ministre.

Un dossier explosif aux conséquences politiques

Cette affaire vient relancer le débat sur la gouvernance et la gestion des marchés publics en RDC. Pour de nombreux observateurs, elle reflète les failles systémiques d’un État souvent confronté aux dérives de sa chaîne de dépenses publiques. Le Parlement pourrait bientôt se saisir du dossier en séance plénière, tant la pression de l’opinion publique s’intensifie.

Dans l’attente de réponses claires, les regards sont désormais tournés vers la primature, appelée à trancher entre urgence pénitentiaire et exigence de transparence.

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