Élu 267e souverain pontife, Robert Francis Prevost devient le premier pape originaire des États-Unis. Modéré, pragmatique et tourné vers les périphéries, il incarne une continuité ouverte aux défis contemporains.
Le 8 mai 2025 marque une page d’histoire pour l’Église catholique : le cardinal américain Robert Francis Prevost, âgé de 69 ans, a été élu pape, devenant ainsi le premier citoyen des États-Unis à accéder au trône de Saint-Pierre. Il a choisi le nom de Léon XIV, s’inscrivant dans la lignée de Léon XIII, promoteur de la doctrine sociale de l’Église.
Connu pour sa capacité d’écoute et son sens du dialogue, Léon XIV est perçu comme un homme de consensus. Classé parmi les modérés, il conjugue expérience pastorale et fine connaissance des arcanes du Vatican. En 2024, il déclarait que l’évêque « ne doit pas être un petit prince assis en son royaume, mais marcher avec le peuple, souffrir avec lui et partager ses espérances ».
Un profil façonné par la mission et la Curie
Né le 14 septembre 1955 à Chicago, Robert Francis Prevost est issu d’une famille aux racines françaises, italiennes et espagnoles. Entré dans l’ordre de Saint-Augustin en 1977, il est ordonné prêtre en 1982. Titulaire d’un diplôme en théologie et en mathématiques, il a passé près de vingt ans au Pérou, où il s’est consacré à la mission et a été nommé archevêque-évêque émérite de Chiclayo.
Rappelé aux États-Unis à la fin des années 1990, il prend la tête de sa province religieuse avant d’être élu prieur général des Augustins. En 2014, il est nommé administrateur apostolique au Pérou, puis, en 2023, il prend les rênes du dicastère pour les évêques – l’un des postes les plus influents du gouvernement de l’Église. Il y succède au cardinal Marc Ouellet et devient, de facto, le principal conseiller du pape pour la nomination des évêques à travers le monde. Il présidait également la Commission pontificale pour l’Amérique latine.
Un homme de continuité lucide et engagée
Surnommé « le moins Américain des Américains » pour son approche nuancée, son enracinement latino-américain et son rejet des extrêmes, Léon XIV se démarque par un engagement pastoral plus que politique. Dans ses prises de parole récentes, il insiste sur la nécessité d’adapter le message évangélique aux réalités du monde actuel : « Le message est le même, mais les moyens de rejoindre les jeunes, les pauvres ou les responsables publics doivent évoluer. »
Il s’est publiquement opposé aux discours nationalistes ou discriminatoires, appelant à l’accueil inconditionnel des migrants, ce qui lui vaut de vives critiques de la frange ultra-conservatrice américaine. Pourtant, loin de se laisser enfermer dans une étiquette, le nouveau pape reste fidèle à une Église « en sortie », fidèle à l’esprit du Concile Vatican II.
Un nom qui trace une ligne
Le choix du nom Léon XIV n’est pas anodin : il fait écho à Léon XIII, pape réformateur du XIXe siècle, auteur de l’encyclique Rerum Novarum (1891), texte fondateur de la doctrine sociale de l’Église. Cette référence marque une volonté d’ancrer l’action pontificale dans les enjeux contemporains de justice sociale, de mutation économique et d’attention aux plus vulnérables.
Dès ses premiers mots, Léon XIV a affirmé sa volonté de continuer sur la voie ouverte par son prédécesseur, tout en affirmant son propre chemin. Il a appelé à « construire des ponts » et à marcher « ensemble, comme peuple de Dieu », dans un monde en mutation rapide.
Un signal fort pour l’Afrique et les périphéries
Pour les observateurs africains, ce choix est porteur d’espoir. Léon XIV, fort de son expérience missionnaire, connaît les défis des Églises du Sud. Son pontificat, qui commence sous le signe de la continuité et du dialogue, pourrait approfondir l’attention portée aux réalités africaines, notamment sur les questions de gouvernance, d’écologie intégrale, et de cohabitation religieuse.
