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vendredi, juin 20, 2025

Port-Soudan ciblée : premières frappes sur la capitale provisoire soudanaise

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Innocent Muyanga Ziba
Innocent Muyanga Ziba
Journaliste anglophone - Malawi

Les Forces de soutien rapide intensifient leur guerre psychologique en frappant pour la première fois la ville refuge de Port-Soudan, siège du gouvernement de transition.

Port-Soudan, jusque-là épargnée par les violences, a été la cible ce dimanche de frappes de drones attribuées aux Forces de soutien rapide (FSR). Les attaques ont visé l’aéroport et plusieurs zones civiles du centre-ville. Selon les autorités locales, aucune victime n’est à déplorer, mais d’épaisses colonnes de fumée ont été observées près de la base aérienne d’Osman Digna, de l’entrepôt de marchandises et d’autres infrastructures civiles. Les vols ont été suspendus et un important dispositif militaire a été déployé en réponse.

Cette opération marque une escalade dans le conflit qui ravage le pays depuis avril 2023. Port-Soudan, devenue la capitale provisoire du gouvernement et un refuge pour des milliers de déplacés, semble désormais exposée au même chaos que les autres grandes villes du pays.

Drones longue portée et guerre d’usure

Les bases les plus proches des FSR se situent à environ 600 kilomètres, dans la région du Darfour. Pourtant, dès janvier, des images satellites avaient révélé la présence de drones militaires de fabrication chinoise sur le tarmac de l’aéroport de Nyala. Ces engins, capables de mener des frappes précises à longue distance, semblent désormais déployés dans une stratégie de harcèlement des bastions gouvernementaux.

Ce n’est pas la première fois que les FSR emploient ce type de tactique. Il y a quelques semaines, des infrastructures électriques essentielles à Atbara avaient été ciblées, plongeant une partie du pays dans l’obscurité. Port-Soudan reste à ce jour privée d’électricité, dix jours après les premières perturbations du réseau.

Une stratégie de terreur ciblée

Ces frappes de drones s’inscrivent dans une stratégie claire : désorganiser le pouvoir central, rompre les chaînes logistiques et semer la peur parmi les civils. Bien qu’elles ne visent pas de conquête territoriale directe, ces attaques contribuent à affaiblir la légitimité du gouvernement et à éroder la stabilité relative de Port-Soudan.

Avec le déploiement de défenses aériennes supplémentaires autour de la capitale provisoire, les autorités semblent vouloir marquer une ligne rouge. Mais cette nouvelle phase du conflit révèle aussi la sophistication croissante de l’arsenal des FSR – et la vulnérabilité des dernières zones encore sous contrôle gouvernemental.

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