L’administration américaine a annoncé ce lundi 14 avril le gel de 2,2 milliards de dollars de subventions fédérales à l’université Harvard, l’une des plus anciennes et réputées institutions du pays. Cette décision intervient après le refus de l’établissement de satisfaire à une série d’exigences formulées par la Maison Blanche, dans un contexte de forte mobilisation étudiante contre la guerre menée par Israël à Gaza.
Dans un communiqué officiel, le département de l’Éducation a précisé qu’en plus de ces subventions, des contrats pluriannuels estimés à 60 millions de dollars seraient également suspendus. L’administration dénonce ce qu’elle qualifie de « perturbation intolérable de l’apprentissage » et de « harcèlement d’étudiants juifs sur les campus », exigeant des universités qu’elles prennent des mesures concrètes sous peine de voir leur financement public amputé.
Harvard refuse de céder à la pression gouvernementale
La prestigieuse université de Cambridge, près de Boston, a réaffirmé sa volonté de préserver son autonomie et les droits constitutionnels qui garantissent la liberté d’expression et d’enseignement. Dans une lettre adressée à la communauté universitaire, son président Alan Garber a déclaré qu’aucune administration « ne peut dicter aux établissements privés ce qu’ils doivent enseigner, qui ils peuvent recruter ou les sujets qu’ils peuvent étudier ».
Parmi les exigences formulées par Washington figuraient la suppression de certaines politiques de diversité et la révision de programmes jugés propices à des actes de harcèlement antisémites, ainsi qu’un audit des opinions des étudiants et du personnel enseignant. Les avocats de Harvard ont catégoriquement rejeté ces demandes, les qualifiant de contraires au Premier amendement de la Constitution américaine et aux libertés académiques consacrées par la Cour suprême.
Les financements fédéraux représentent environ 11 % des ressources annuelles de Harvard, soit près de 6,4 milliards de dollars selon les données publiées par l’université.
Columbia accepte des réformes sous contrainte
À New York, l’université Columbia, également ciblée pour les mêmes raisons, a quant à elle adopté une approche différente. Sous la menace d’un retrait de 400 millions de dollars de subventions, l’établissement a entamé une série de réformes imposées par les autorités fédérales. Ces changements incluent notamment la création d’un service de sécurité interne composé de 36 agents spéciaux habilités à procéder à des arrestations sur le campus.
L’université a également annoncé son intention de revoir la gestion des manifestations étudiantes, de définir officiellement les contours de l’antisémitisme et de réorganiser les départements consacrés au Moyen-Orient, à l’Asie du Sud et à l’Afrique.
Vague d’arrestations parmi les militants pro-palestiniens
Depuis plusieurs mois, les manifestations étudiantes pro-palestiniennes se sont multipliées sur les campus américains, avec pour conséquence un durcissement des contrôles migratoires visant certains étudiants étrangers. Plusieurs arrestations ont été rapportées parmi des étudiants résidents permanents ou titulaires de visas.
Dernier cas en date : Mohsen Mahdawi, étudiant à Columbia et né dans un camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie, a été arrêté ce lundi lors d’un entretien pour sa naturalisation. Il avait cofondé un collectif étudiant en faveur de la Palestine avec Mahmoud Khalil, figure de la mobilisation, actuellement menacé d’expulsion après son arrestation début mars.