Une délégation biélorusse de haut niveau, conduite par le vice-Premier ministre Viktor Karankevich et accompagnée de six ministres, a achevé le lundi 10 mars une visite de deux jours à Benghazi, dans l’est libyen, sous le contrôle du maréchal Khalifa Haftar. Au cours de cette visite, six accords-cadres ont été signés avec le gouvernement dirigé par Oussama Hamad, couvrant des domaines clés tels que la santé, l’agriculture, l’industrie et le pétrole. Parmi les membres de la délégation figuraient également des représentants des services de renseignements biélorusses.
Le gouvernement d’Oussama Hamad a indiqué que cette visite s’inscrit dans une volonté de renforcer les relations bilatérales et d’élever le niveau de coopération entre les deux pays. La délégation biélorusse a ainsi multiplié les rencontres économiques à Benghazi, notamment dans le secteur pétrolier, où des contrats ont été signés pour l’exploration du gaz et du pétrole dans l’est et le sud du pays. Cette initiative intervient quelques jours après l’annonce du gouvernement de Tripoli d’ouvrir les appels d’offres pétroliers aux compagnies étrangères.
Des discussions à caractère sécuritaire
La présence du chef des renseignements biélorusses à Benghazi aux côtés de la délégation politique et économique suggère que des discussions sur des sujets sécuritaires et militaires ont également eu lieu. Cette visite survient moins de vingt jours après le déplacement du maréchal Haftar à Minsk, où il avait rencontré le président Alexandre Loukachenko. Ce dernier avait affirmé sa volonté de soutenir Haftar, et des accords militaires auraient été conclus pour la formation de cadres de l’Armée nationale libyenne (ANL) en Biélorussie.
Par ailleurs, une rencontre a eu lieu à Benghazi entre le ministre biélorusse de la Défense et Saddam Khalifa Haftar, commandant des forces terrestres de l’ANL. Le gouvernement de l’est libyen poursuit ainsi ses efforts pour élargir ses alliances internationales et renforcer sa position sur la scène diplomatique, en se tournant vers des partenaires qui entretiennent des relations distantes avec le gouvernement de Tripoli dirigé par Abdelhamid Dbeibah.
L’ombre de Moscou
Selon certains observateurs, ce rapprochement entre Benghazi et Minsk s’inscrirait dans une stratégie plus large soutenue par Moscou, qui cherche à accroître son influence militaire et économique en Afrique via la Libye. Minsk pourrait ainsi servir de relais pour les intérêts russes dans la région. Cette hypothèse est renforcée par la présence concomitante du vice-ministre russe de la Défense, Iounous-bek Evkourov, observé à Benghazi le vendredi 7 mars lors d’un événement public, témoignant d’une coordination potentielle entre ces différents acteurs sur le terrain libyen.
