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vendredi, mars 28, 2025

Ramata Diarra : Valoriser l’agriculture africaine sur la scène internationale

RD Agrobiz, bien plus qu’une marque agroalimentaire

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Priscilla Wolmer
Priscilla Wolmerhttp://www.54etats.com
FONDATRICE ET DIRECTRICE DU MÉDIA 54 ÉTATS

Entrepreneure engagée, Ramata Diarra s’est donnée pour mission de promouvoir les richesses agricoles africaines à travers RD Agrobiz, une entreprise spécialisée dans la production et l’exportation de produits naturels tels que les épices, les céréales et les fruits exotiques séchés. En s’appuyant sur un modèle économique durable et une collaboration étroite avec les agriculteurs locaux, elle ambitionne de faire rayonner le savoir-faire africain à l’échelle mondiale. Dans cet entretien exclusif, elle revient sur son parcours, les défis du secteur et sa vision pour l’avenir de l’agro-industrie africaine.

54 ÉTATS : Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a motivée à créer RD AGROBIZ ?

Ramata Diarra : RD Agrobiz est née d’une réalité que j’ai vécue au quotidien. Après des journées de travail épuisantes, je rentrais à la maison et enchaînais immédiatement avec la préparation des repas pour ma famille. Résultat : je me retrouvais systématiquement à me coucher à 23h30, épuisée. J’ai réalisé que ce rythme pesait sur mon énergie et mon bien-être. Il était temps d’agir. Passionnée de cuisine et amoureuse des saveurs africaines, j’ai aussi constaté un problème récurrent : l’accès à des produits de qualité. Dans la diaspora, nous manquons souvent de temps pour cuisiner, mais cela ne signifie pas que nous devons sacrifier le goût et l’authenticité. C’est là qu’est née RD Agrobiz :

Une solution pensée pour allier tradition et praticité

J’ai donc développé une gamme de produits prêts à l’emploi, comme le Djouka, un plat précuit à base de fonio et d’arachide broyée, ainsi que des plats cuisinés et des épices authentiques, soigneusement sélectionnés à travers plusieurs pays d’Afrique. L’objectif ? Simplifier le quotidien des personnes actives tout en leur permettant de savourer des repas riches en goût, sans compromis sur la qualité. Il suffit de dresser la table et de se régaler, sans stress ni perte de temps.

54 ÉTATS : Quels sont les produits phares de RD AGROBIZ et en quoi se distinguent-ils sur le marché ?

Ramata Diarra : Notre produit phare, c’est le Djouka, originaire du Mali – plus précisément du sud de Bamako, dans la région de Kayes. Le Djouka est un plat composé d’un mélange de fonio et d’arachides broyées. Le fonio, comme vous le savez sûrement, présente de nombreux bienfaits : il est sans gluten, riche en fibres et en protéines, et très digeste, ce qui permet d’en consommer à tout moment. Ce mélange s’associe parfaitement avec le poisson, la viande ou le poulet. Très populaire au Mali, c’est un plat à la fois délicieux et diététique qui convient parfaitement aux végétariens.

54 ÉTATS : Quels sont vos principaux marchés et comment adaptez-vous votre offre à ces différentes régions ?

Ramata Diarra : Il y a une forte demande sur le marché africain pour des produits de qualité qui offrent de réels bienfaits, surtout pour la santé. En Europe, nous proposons nos produits via les réseaux sociaux, le bouche-à-oreille et, très bientôt, dans des épiceries fines, chez des spécialistes des superfoods, lors de salons, des foires ou encore dans des lieux où se rencontrent plusieurs nationalités. RD Agrobiz a aussi sa place sur ce marché.

54 ÉTATS : Comment RD AGROBIZ contribue-t-elle au développement des communautés locales et à la valorisation des produits africains ?

Ramata Diarra : RD Agrobiz est bien plus qu’une marque agroalimentaire : c’est un moteur de développement local et un levier de valorisation du patrimoine agricole africain. Nous soutenons directement les agriculteurs en créant des opportunités économiques durables à travers la récolte, la transformation et la logistique de nos produits. En intégrant les communautés locales dans notre chaîne de production, nous générons des emplois et contribuons à améliorer leurs conditions de vie. Mais notre engagement va au-delà. Nous sensibilisons également aux bonnes pratiques agricoles, favorisant une agriculture plus respectueuse de l’environnement et plus rentable. Un point essentiel de notre mission est aussi l’émancipation des femmes, en leur offrant des opportunités de travail et en valorisant leur rôle central dans la production agricole. Côté valorisation, nous avons un défi clair : élever les produits africains aux standards internationaux tout en préservant leur authenticité. Nos méthodes de transformation et de conditionnement garantissent une qualité irréprochable, tout en mettant en avant les saveurs, le savoir-faire et les traditions culinaires africaines.

54 ÉTATS : Quelles initiatives avez-vous mises en place pour assurer une production durable et respectueuse de l’environnement ?

Ramata Diarra : En soutenant les agriculteurs locaux qui s’efforcent de vous offrir des produits issus d’une agriculture biologique et artisanale, en respectant toute une chaîne de production. Nous mettons également en place des techniques de conservation pour éviter les pertes post-récolte.

54 ÉTATS : Quels sont vos objectifs à moyen et long terme pour RD AGROBIZ ?

Ramata Diarra : Nos objectifs à court terme pour RD Agrobiz sont multiples.

Nous voulons approvisionner les petites et grandes épiceries fines de France, des restaurants et pourquoi pas étendre notre présence aux pays limitrophes comme la Suisse, la Belgique ou même le Canada, vu qu’il y a une réelle demande.

À long terme, l’ambition est de voir la marque RD Agrobiz dans tous les rayons, en Europe et même en Amérique du Nord, pour faire connaître nos produits phares à l’échelle internationale. L’idée finale serait aussi de créer une usine de transformation alimentaire afin de réduire le gaspillage post-récolte en Afrique, par exemple pour des produits comme les tomates, les fruits et légumes.

54 ÉTATS : Quels sont les principaux défis auxquels vous avez été confrontée en tant que femme entrepreneure dans le secteur agroalimentaire ?

Ramata Diarra : En tant que femme entrepreneure, j’ai dû relever plusieurs défis. D’abord, étant nouvelle dans le secteur, il m’a fallu faire mes preuves dans un environnement très concurrentiel. Entre mes responsabilités de mère, salariée et entrepreneure, le manque de temps à consacrer à l’entreprise est un vrai challenge, d’autant plus que tout le monde dans le secteur est actif sur les réseaux sociaux et participe à divers événements, salons et autres initiatives innovantes. Parallèlement, maintenir l’équilibre avec la vie familiale reste extrêmement difficile.

54 ÉTATS : Comment percevez-vous l’évolution du secteur agroalimentaire africain dans les prochaines années ?

Ramata Diarra : Le secteur agricole africain est en pleine évolution. Dans quelques années, on verra encore plus d’innovations et de transformations, avec une volonté de proposer des produits à la fois sains pour la santé et savoureux. Il y aura aussi plus de recherches autour de l’esthétique des produits, du branding et de leur mise en valeur sur le marché.

54 ÉTATS : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs africains qui souhaitent se lancer dans ce secteur ?

Ramata Diarra : Les erreurs sont inévitables, et je peux en témoigner, car j’en ai fait à mes débuts et j’en fais encore aujourd’hui. L’important, c’est d’apprendre de chaque expérience. Il faut bien s’entourer, éviter de vouloir tout gérer seul, rester organisé et surtout ne pas se disperser. Chaque erreur est une leçon qui permet d’avancer et de s’améliorer.

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