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vendredi, mars 28, 2025

Guinée-Bissau : face à la prolongation du mandat présidentiel, l’opposition appelle à la mobilisation

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Aïssatou Faye-Johnson
Aïssatou Faye-Johnson
Correspondante au Sénégal

En Guinée-Bissau, l’incertitude plane autour de la fin du mandat du président Umaro Sissoco Embalo. Pour l’opposition, celui-ci expire ce jeudi 27 février 2025, soit cinq ans après son investiture, et toute prolongation est illégitime. Cependant, la Cour suprême a décidé d’étendre son mandat jusqu’au 4 septembre, une décision que ses adversaires dénoncent comme une manœuvre politique. En réponse, l’opposition appelle à une « paralysie totale » du pays dès vendredi.

Malgré ces tensions, la situation à Bissau restait calme jeudi matin. Le grand marché de Bandim a ouvert normalement, les taxis ont circulé, mais certains parents ont préféré garder leurs enfants chez eux par crainte de troubles. Environ 3 000 gendarmes, dont certains cagoulés et armés, ont été déployés dans la capitale, selon des témoins.

Un imbroglio juridique et politique

Cette crise trouve son origine en 2019, lorsque l’opposition avait contesté la victoire d’Embalo devant la Cour suprême. Faute de décision rapide, il avait été investi avant même la résolution du contentieux. Ce n’est qu’en septembre 2020 que la Cour a validé son élection, créant ainsi des divergences sur la durée de son mandat.

Dimanche 23 février, Embalo a fixé la date des élections présidentielle et législatives au 30 novembre, soit deux mois après la fin de son mandat selon la Cour suprême. Certains juristes estiment toutefois qu’il respecte les délais légaux, qui imposent un scrutin entre le 23 octobre et le 25 novembre. Mais l’opposition redoute une nouvelle manœuvre, rappelant l’annulation des législatives de novembre dernier pour des raisons financières et techniques.

Une médiation régionale en cours

Face à l’impasse, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a prolongé sa mission à Bissau jusqu’au 1ᵉʳ mars. Elle a rencontré plusieurs acteurs politiques, dont les coalitions Pai-Terra Ranka et l’Alliance patriotique inclusive Cabass Grande, ainsi que la Commission permanente de l’Assemblée nationale, afin de trouver une issue à la crise.

Jusqu’ici, l’appel de l’opposition à la mobilisation a été peu suivi. Faute de rassemblements massifs, elle a invité les citoyens à klaxonner à 14h50, heure qu’elle considère comme la fin officielle du mandat d’Embalo. De son côté, le président bissau-guinéen a reçu le soutien du chef du Kremlin, Vladimir Poutine.

Pour l’instant, Umaro Sissoco Embalo n’a pas encore annoncé s’il briguera un nouveau mandat.

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