Réunis lors du sommet de l’Union africaine, les dirigeants du continent ont acté la création d’une agence de notation financière panafricaine. Baptisée Agence africaine de notation de crédit (AfCRA), cette initiative vise à répondre aux critiques récurrentes sur le manque d’objectivité des grandes agences de notation internationales.
Depuis des années, plusieurs États africains dénoncent des évaluations jugées biaisées, impactant leur capacité à attirer des investissements et à accéder à des financements à des taux raisonnables. L’abaissement de la note souveraine de certains pays africains, parfois perçu comme injustifié, a renforcé la détermination des dirigeants à créer un outil d’évaluation plus adapté aux réalités économiques du continent.
Un tournant décisif pour l’indépendance financière
L’un des principaux instigateurs du projet, le président éthiopien Tayé Atske-Sélassé, a souligné les conséquences négatives des notations occidentales : « Malgré les avancées réalisées par nos États, nous restons trop souvent sous-évalués, ce qui freine notre accès aux capitaux et limite notre intégration dans le système financier mondial ». Pour lui, une agence africaine garantira des évaluations plus transparentes, prenant en compte les spécificités locales et les perspectives réelles de croissance.
Le président kenyan William Ruto partage cette vision. Il cite une étude selon laquelle le biais des agences de notation aurait coûté à l’Afrique 75 milliards de dollars en opportunités d’investissement. « Une agence de notation africaine n’est pas seulement une alternative, c’est une nécessité », a-t-il déclaré. Selon cette même étude, une revalorisation d’un cran des notes africaines pourrait libérer jusqu’à 15 milliards de dollars d’investissements supplémentaires.
Un cadre crédible et des normes rigoureuses
Pour assurer son efficacité et sa reconnaissance à l’échelle internationale, AfCRA devra s’appuyer sur des données rigoureuses et des critères d’évaluation stricts. Son objectif sera d’établir une grille d’analyse fidèle à la réalité économique du continent tout en garantissant la crédibilité nécessaire pour convaincre les marchés financiers.
L’agence s’inscrit dans une démarche plus large de transformation du paysage économique africain, en renforçant la capacité du continent à maîtriser ses outils de développement. Prévue pour un lancement officiel en juin prochain, l’AfCRA marque un pas supplémentaire vers une autonomie financière plus affirmée de l’Afrique.