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Un sommet réunissant la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) s’ouvre ce vendredi à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, pour discuter de la crise persistante dans l’Est de la République démocratique du Congo. Jusqu’à présent, ces deux organisations régionales ont mené des processus de paix distincts. Le président du Kenya et actuel dirigeant de l’EAC, William Ruto, a confirmé la participation, samedi, des chefs d’État congolais et rwandais. En amont de cette rencontre présidentielle, les ministres des Affaires étrangères se réunissent dès aujourd’hui pour harmoniser les positions des deux blocs régionaux.
Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, ainsi que son homologue congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, sont attendus pour ces discussions. Cette dernière est arrivée jeudi soir après une tournée diplomatique en Europe. L’objectif de cette première phase de négociations est d’aligner les approches des deux organisations qui, jusqu’ici, ont suivi des stratégies distinctes : le processus de Luanda, focalisé sur les relations entre Kigali et Kinshasa, et celui de Nairobi, visant à résoudre la question des groupes armés. Cependant, aucune de ces initiatives n’a permis d’instaurer une paix durable dans l’Est de la RDC.
Une divergence majeure persiste entre l’EAC et la SADC sur la posture à adopter face au M23, groupe armé accusé par Kinshasa d’être soutenu par le Rwanda. L’EAC privilégie le dialogue entre ce mouvement et le gouvernement congolais, tandis que la SADC condamne fermement son offensive et l’implication supposée de soldats rwandais en RDC. Un responsable congolais insiste sur la nécessité pour l’EAC de respecter ses engagements : « La charte de l’organisation prévoit une solidarité entre États membres en cas d’agression. Nous attendons qu’elle prenne ses responsabilités. »
De la réunion de Dar-es-Salaam, Kinshasa espère des avancées concrètes, notamment un cessez-le-feu immédiat, le retrait sans condition des forces rwandaises et de leurs alliés, la réouverture de l’aéroport de Goma à des fins humanitaires, ainsi que le retour de l’administration congolaise dans la ville. La question des sanctions contre le Rwanda est également sur la table, selon Tina Salama, porte-parole du président Félix Tshisekedi.
Du côté rwandais, le rôle de la mission militaire de la SADC en RDC suscite des inquiétudes. Kigali perçoit cette force comme une menace et réclame son retrait, ainsi que celui des troupes burundaises présentes sur le sol congolais. La SADC, pour sa part, s’est récemment alarmée de la montée des violences perpétrées par le M23 et a dénoncé dans un communiqué des attaques imputées à l’armée rwandaise contre les forces congolaises et la population civile. Kigali rejette ces accusations, affirmant que ses actions relèvent de la défense de ses frontières et qu’elles se poursuivront tant que la menace perdurera.
Dans ce contexte de tensions, l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, médiateur du processus de Nairobi, a soumis un rapport aux deux organisations. Il y préconise une coordination accrue entre les négociations bilatérales entre le Rwanda et la RDC, le dialogue interne congolais et les conférences régionales comme seule solution viable à la crise. Contrairement à certaines déclarations récentes de l’EAC, son rapport ne recommande pas à Kinshasa d’ouvrir des discussions directes avec le M23, une exigence du Rwanda que la RDC continue de rejeter catégoriquement.