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En Tunisie, le tribunal de première instance de Tunis a rendu son verdict dans l’affaire Instalingo, une affaire impliquant plusieurs personnalités politiques, journalistes, blogueurs et hommes d’affaires. Rached Ghannouchi, leader du parti Ennahdha, a été condamné ce mercredi à 22 ans de prison pour « conspiration contre la sécurité de l’État ». Cette décision marque un nouveau tournant dans la répression judiciaire qui frappe l’opposition.
L’affaire remonte à 2021, lorsque les autorités ont saisi la société Instalingo, spécialisée dans la production de contenus numériques et accusée d’influencer l’opinion publique à des fins politiques. Sur la soixantaine de personnes inculpées, 38 ont été condamnées à des peines allant de 5 à 54 ans de prison pour des chefs d’accusation liés au blanchiment d’argent et à la sûreté de l’État.
Outre Rached Ghannouchi, plusieurs membres de son entourage ont également écopé de lourdes peines. Son fils Mouadh, sa fille Soumaya et son gendre Rafik Abdessalem, ancien ministre des Affaires étrangères, ont été condamnés respectivement à 35, 25 et 34 ans de prison. L’ex-Premier ministre Hichem Mechichi a, quant à lui, été condamné par contumace à 35 ans de prison.
Ces verdicts ont suscité une vague de réactions. Le Syndicat national des journalistes tunisiens a dénoncé des peines particulièrement sévères à l’encontre de plusieurs journalistes. Le Front de salut national, une coalition d’opposants au président Kaïs Saïed, a condamné ce qu’il considère comme une « épuration politique ». De son côté, le parti Ennahdha a dénoncé un procès « purement politique ». Les avocats des condamnés ont d’ores et déjà annoncé leur intention de faire appel.
Par ailleurs, Rached Ghannouchi doit encore comparaître dans plusieurs autres affaires judiciaires, bien qu’il ait cessé d’assister aux audiences, dénonçant des procès qu’il qualifie de « fictifs ». Ennahdha, dont plusieurs cadres et sympathisants sont déjà incarcérés, affirme que ces poursuites s’inscrivent dans une stratégie plus large de répression de l’opposition en Tunisie.