Après avoir vu sa victoire confirmée à la présidentielle du 9 octobre par le Conseil constitutionnel à la fin de décembre, Daniel Chapo, candidat du Frelimo – au pouvoir depuis l’indépendance – a pris ses fonctions ce mercredi 15 janvier 2025. Mais cette intronisation se déroule dans un contexte de tensions politiques sans précédent depuis la fin de la guerre civile en 1992. Une partie de la société civile et de l’opposition conteste fermement son élection.
Venancio Mondlane, principal opposant de Daniel Chapo, ne reconnaît pas les résultats et revendique toujours la victoire. De retour au Mozambique après deux mois d’exil, il a prêté serment devant une foule venue l’accueillir, cherchant à affirmer sa légitimité face au nouveau chef de l’État. Dans les rues de Maxaquene, un quartier de Maputo, son nom résonne partout, alors que celui de Daniel Chapo suscite encore la surprise et les interrogations parmi la population.
Un leader à la trajectoire discrète
Peu connu des Mozambicains il y a encore quelques mois, Daniel Chapo s’est imposé comme le candidat du Frelimo grâce à une trajectoire atypique. Ancien professeur de sciences politiques et présentateur radio, il est entré au Frelimo sans mandat électoral. Après avoir été nommé à des postes administratifs, il est devenu responsable du district de Palma en 2015, un rôle stratégique en raison des activités gazières dans la région. En 2018, il a été nommé gouverneur de la province centrale d’Inhambane, poste qu’il a occupé jusqu’à sa désignation comme candidat à la présidentielle.
Cependant, son émergence comme figure présidentielle suscite des interrogations. « Daniel Chapo a été choisi pour son manque d’envergure politique, ce qui le rend plus facile à contrôler par un parti divise», explique un ancien membre du Frelimo. L’élection de son nom a nécessité plusieurs jours de débats et de votes, reflétant les luttes internes au sein du parti.
Un symbole de renouveau ?
Âgé de 47 ans, Daniel Chapo devient le cinquième président du Mozambique, rompant avec ses prédécesseurs en étant le premier chef d’État à ne pas avoir participé à la guerre civile. Présenté comme un symbole de renouveau, il se veut aussi le porte-parole de l’unité nationale. « Le dialogue nous permettra de renforcer la démocratie et notre succès en tant que peuple. Nous devons nous écouter pour devenir une véritable nation», a-t-il déclaré lors de son discours de victoire.
Pour marquer sa différence, Daniel Chapo insiste sur ses origines modestes. « Je suis né dans la pauvreté, j’ai vendu des mangues pour acheter des crayons. Je n’oublierai jamais d’où je viens », répète-t-il souvent. Mais cette posture suffit-elle à convaincre ?
Une élection contestée
La victoire de Daniel Chapo est ternie par des accusations de fraude. Plusieurs organisations de la société civile, qui ont observé le scrutin du 9 octobre, ont déposé une pétition auprès de l’Union africaine pour contester la légitimité de l’élection. Alors que le pays espérait tourner la page des divisions, ces tensions risquent d’affecter durablement la stabilité politique.
L’investiture de Daniel Chapo ouvre donc une nouvelle ère au Mozambique, mais le chemin vers la réconciliation et la réforme semble semé d’embûches. Ses premières actions en tant que chef de l’État seront décisives pour répondre aux attentes d’une population en quête de changement.