Le Salon Business Africa est devenu le plus grand rassemblement européen dédié aux entrepreneurs et professionnels africains. Né de la vision de l’entrepreneur franco-congolais Mutombo Régis Katalayi, cet événement emblématique attire chaque année des milliers de participants passionnés par le développement économique du continent. En mars 2025, la cinquième édition du salon se tiendra au Pavillon de Montrouge, promettant d’élargir encore son impact. Rencontre avec le fondateur de ce rassemblement d’exception.

54 ÉTATS : Avec la multitude de salons destinés à la diaspora africaine qui existent aujourd’hui, qu’est-ce qui vous a donné l’envie de créer le vôtre ?
Mutombo Régis Katalayi : J’avais la sensation que, dans les multiples événements, la jeunesse africaine était en marge. Tout le monde parle au nom de la jeunesse africaine, mais personne ne lui demande son avis. Personne ne veut réellement savoir quelles sont ses aspirations. Il était important de créer un événement économique fait pour nous et par nous. En 2011, j’ai créé mon propre média (NegroNews, aujourd’hui NN AFRICA) partant du même constat : le manque de représentation de la jeunesse africaine volontaire et consciente de l’importance de changer les choses.
54 ÉTATS : Mutombo Régis Katalayi, en tant que fondateur du salon Business Africa, vous avez observé l’évolution de l’entrepreneuriat africain au fil des années. Quels sont, selon vous, les principaux défis auxquels les entrepreneurs africains sont confrontés aujourd’hui ?
Mutombo Régis Katalayi : Aujourd’hui encore, les entrepreneurs africains manquent grandement de financement et de visibilité, bien que ce manque de visibilité soit partiellement comblé par l’utilisation importante des réseaux sociaux. Bien trop souvent, les entrepreneurs africains se financent eux-mêmes et trouvent le moyen de faire parler de leurs produits et services via les réseaux sociaux et les médias communautaires. L’accès au financement et la communication sont les deux principaux défis des entrepreneurs africains lorsqu’ils se lancent. Cependant, avec les Africains locaux ou ceux de la diaspora, la créativité n’est pas un problème.
L’accès au financement et la communication sont les deux principaux défis des entrepreneurs africains lorsqu’ils se lancent.
54 ÉTATS : Business Africa attire chaque année plus de 5 000 participants. La diaspora africaine en France joue un rôle clé dans le succès de cet événement. Selon vous, comment cette diaspora peut-elle aller au-delà des simples rencontres et événements pour réellement influencer le développement économique en Afrique ? Quelle est sa véritable valeur ajoutée dans la transformation des économies africaines ?
LA FRANCE ABRITE LA PLUS GRANDE DIASPORA AFRICAINE D’EUROPE
Mutombo Régis Katalayi : J’aime le dire et le marteler : la France abrite la plus grande diaspora africaine d’Europe. Nous parlons de près de 12 millions d’Africains (nés en France ou en Afrique). Ce qu’il nous manque, ce sont des organisations communautaires économiques, et Business Africa s’inscrit dans cette démarche. Les rencontres entre entrepreneurs et professionnels africains créent des synergies et du business “entre Africains”.
La plupart des entrepreneurs de la diaspora sont à cheval entre l’Europe et l’Afrique, ce qui permet au continent de “récupérer” une partie des capitaux de la diaspora, accompagnée d’expertises, d’opportunités d’emploi pour les locaux, et de nombreux autres bénéfices. La transformation économique de l’Afrique passe aussi par sa diaspora, comme on le voit dans des pays comme le Nigeria, le Ghana, l’Inde ou Israël. Bien organisée et avec une véritable politique visionnaire, la diaspora africaine peut jouer un rôle majeur pour le continent.
54 ÉTATS : Le paysage économique mondial évolue rapidement. Quels sont les grands projets ou innovations que Business Africa prévoit pour l’édition 2025 ? Comment comptez-vous continuer à transformer l’écosystème entrepreneurial africain à l’échelle mondiale dans les années à venir ?
Mutombo Régis Katalayi : Nous venons de lancer notre magazine avec une vision très claire : être le média économique panafricain pour les entrepreneurs africains entre 25 et 50 ans. Un média connecté aux réalités des entrepreneurs, entreprises et professionnels locaux et de la diaspora. Il est important d’avoir un support médiatique dédié aux professionnels africains. Nous observons de très près comment l’intelligence artificielle peut accélérer la transformation de l’écosystème entrepreneurial africain francophone. Si nous ne prenons pas ce train maintenant, nous serons largués ! Aujourd’hui, tout va trop vite. Les Africains doivent être prompts au changement rapide.