La Côte d’Ivoire a récemment annoncé un départ précipité des soldats français du 43ᵉ Bataillon d’infanterie de marine (BIMA) de Port-Bouët, marquant une nouvelle étape dans le désengagement militaire de la France en Afrique. Après les retraits au Sahel, au Sénégal et au Tchad, Paris ne conservera plus de bases permanentes sur le continent qu’au Gabon et à Djibouti.
Ce départ s’inscrit dans un contexte où les relations franco-africaines en matière de défense connaissent des mutations profondes. Officiellement, il n’y aurait aucun différend diplomatique entre Abidjan et Paris. La Côte d’Ivoire continue de se présenter comme un allié stratégique de la France en Afrique de l’Ouest. Pourtant, l’annonce faite par le président Alassane Ouattara, lors de son message de fin d’année, laisse perplexe par sa soudaineté.
Une transition rapide et des interrogations
Selon Ouattara, le camp du 43ᵉ BIMA sera rétrocédé aux autorités ivoiriennes dès ce mois de janvier 2025, soit à peine un mois après son discours. Cette rapidité a suscité des réactions variées, notamment chez les partisans du souverainisme africain, qui y voient une victoire symbolique dans leur quête d’autonomie stratégique.
Cependant, ce désengagement soulève aussi des interrogations. Une coordination plus étroite entre les deux pays, accompagnée d’une communication conjointe, aurait pu désamorcer les critiques. Pour certains observateurs, cette décision alimente le discours de ceux qui reprochent à la France une gestion unilatérale de ses relations avec le continent, tout en soulignant la volonté croissante des pays africains de reprendre le contrôle de leur propre sécurité.
Un effet domino en Afrique francophone
La décision de la Côte d’Ivoire intervient dans un contexte où plusieurs États africains revoient leurs accords de coopération militaire avec la France. Le Sénégal et le Tchad, par exemple, ont récemment exigé une révision de ces partenariats, tout en affirmant vouloir préserver des relations cordiales avec Paris. Ces décisions s’inscrivent dans une tendance plus large à repenser les modalités de collaboration sécuritaire avec les anciennes puissances coloniales.
Dans ce paysage en mutation, le Gabon et Djibouti se profilent comme les derniers bastions de la présence militaire française en Afrique. Toutefois, même au Gabon, cette présence devrait être réduite à environ 100 soldats, contre 350 auparavant. À Djibouti, les effectifs de 1 500 militaires pourraient, pour l’instant, rester stables, le pays jouant un rôle stratégique en tant que plateforme vers l’Asie.
Vers une redéfinition des relations franco-africaines ?
Le retrait progressif des troupes françaises marque un tournant dans les relations entre la France et ses partenaires africains. Bien que présenté comme un choix stratégique, il reflète aussi les dynamiques locales où les aspirations souverainistes prennent de plus en plus d’importance. La rapidité de l’annonce ivoirienne, et son calendrier serré, semble illustrer une volonté d’affirmer une indépendance symbolique tout en naviguant les eaux complexes de la diplomatie régionale.
Alors que la présence militaire française en Afrique se réduit comme une peau de chagrin, ce retrait ivoirien ouvre un nouveau chapitre dans les relations bilatérales et laisse entrevoir des transformations profondes dans la gestion de la sécurité sur le continent.