8.1 C
Paris
lundi, novembre 17, 2025

Sénégal : J-1 an avant l’élection présidentielle

Sénégal : J-1 an avant l'élection présidentielle

À lire ou à écouter

Aïssatou Faye-Johnson
Aïssatou Faye-Johnson
Correspondante au Sénégal

Les citoyens sénégalais seront appelés à voter dimanche 25 février 2024 pour élire le nouveau président de la République. La Constitution sénégalaise limite actuellement le nombre de mandats présidentiels à deux, mais certains membres de l’opposition affirment que Macky Sall, le président sortant, pourrait chercher à modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Analyse.

Le président sénégalais a remporté les élections présidentielles de 2012 et 2019, et son second mandat devrait théoriquement prendre fin en 2024. Macky Sall pourrait-il se présenter pour un troisième mandat sans être accusé de violer la Constitution ? La démocratie sénégalaise est-elle en jeu ?

En 2016, un référendum national a été organisé pour adopter des amendements constitutionnels qui ont réduit la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans. Là, le président Macky Sall sous les couleurs de son parti Alliance pour la République, a été élu dans les conditions des amendements constitutionnels, ce qui signifie qu’il a déjà été réélu pour un mandat de cinq ans en 2019. Abdoulaye Thiam, un jeune sénégalais passionné de politique explique qu’« en réalité, Macky Sall n’effectuerait non pas son 3ème mandat mais un 2ème mandat de 5 ans si il venait à se représenter et à être réélu. Ce qui constitutionnellement est viable. En effet, il n’aura effectué qu’un mandat de 7 ans et un mandat de 5 ans, ce qui lui laisserait le champ libre pour en exercer un autre en 2024. » Et le bilan de Macky Sall est loin d’être négatif avec des promesses électorales tenues et un Plan Sénégal Emergent (PSE) dynamique. Et cela en dépit des nombreuses crises qui ont impacté le pays tels que la pandémie Covid-19 et la guerre en Ukraine. Le Chef de l’État a su redorer le blason du pays à l’international.

Qui sont les autres candidats ?

Ousmane Sonko, l’opposant

Ousmane Sonko, qui après l’affaire « sweet beauty » faisait une nouvelle fois face à la justice, ce 16 février 2023 et dont le procès pour diffamation, injure publique, faux et usage de faux à l’encontre de Mame Baye Niang, ministre du Tourisme a été renvoyé au 16 mars a t-il les capacités d’incarner le rôle de Chef de l’État ? Comment le leader du parti Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), farouche opposant de Macky Sall et candidat à la prochaine élection présidentielle peut-il obtenir la confiance des Sénégalais ? Saurait-il s’exprimer avec clarté et conviction lors de réunions tels que le G7 ou encore face à ses homologues lors d’une Assemblée générale des Nations Unies ? Ousmane Sonko a t-il un programme qui lui permettrait de réduire la dette extérieure sénégalaise ? Ousmane Sonko saurait-il diversifier davantage l’économie avec un secteur agricole qui emploie près de 70 % de la population ? Ousmane Sonko serait-il capable de négocier face à Poutine pour faciliter l’exportation du blé ukrainien vers le Sénégal ? Tant de questions cruciales que les Sénégalais devront se poser avant de voter.

« Rassembler, oui, Ousmane Sonko sait le faire mais quel type de Sénégalais rassemble t-il ? » s’exprime ainsi un chauffeur de taxi Dakarois au micro de 54 ÉTATS. Quand sa passagère réplique : « Le Sénégal est un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest et en mars 2021, Ousmane Sonko a créé le chaos dans notre pays en y versant le sang du peuple au nom de ses idées d’extrémistes. »

Si dans son pays, Ousmane Sonko qui se considère comme le Thomas Sankara Sénégalais arrive à stimuler les foules, son charisme semble s’arrêter aux frontières du Sénégal, pour la simple raison qu’il est interdit de voyager. Ousmane Sonko encourt « quatre mois à deux ans de prison et une amende de 200 000 à 1,5 million de francs CFA, ou l’une de ces deux peines », synonymes d’inéligibilité s’il était condamné définitivement.

Amadou Ba, le timide

Si le Premier ministre actuel cache jusqu’à présent ses ambitions présidentielles, l’économiste chevronné a bien les moyens tant financier qu’intellectuel de ses ambitions. Et son actuel position en qualité de chef du gouvernement n’est peut-être rien d’autre qu’un siège éjectable pour l’éloigner à tout jamais de son rêve de devenir le prochain président de la République du Sénégal. Du moins, c’est là la rumeur diffusée par Yerim Post, à travers son ouvrage intitulé : « Président Macky Sall face à l’Histoire ». L’avenir lui donnera tort ou raison.

Khalifa Ababacar Sall, l’esprit de revanche

L’ancien Maire de Dakar, président actuel du Parti « Debout pour le Sénégal » (TAXAWU Sénégal), ex et récent détenu à la prison de Reubeuss est actuellement en tournée en Europe et aux États-Unis pour mobiliser les Sénégalais de l’étranger, soit un potentiel de 500 000 électeurs. Cela tout en espérant une amnistie qui ne dépend que du président Macky Sall. Le candidat aura beau mettre toute son énergie dans sa campagne présidentielle, son avenir politique est entre les mains du président sortant.

Karim Wade, l’exilé

Depuis le Qatar où il réside depuis 2016, Karim Wade lorgne sur le siège présidentiel. Condamné à six ans de prison pour enrichissement illicite, le fils de l’ancien Président Wade et candidat de son parti à l’élection présidentielle de 2019 a été gracié par le chef de l’Etat Macky Sall et libéré. Pour l’heure, tout comme Khalifa Sall, ses ambitions présidentielles sont suspendues a une éventuelle amnistie.

Pour le reste, si le Sénégal ne manque pas de talents pour succéder à Macky Sall, force est de constater que beaucoup de figures politiques et économiques actuels se limiteront à soutenir le président sortant et ce quel que soit son choix : continuer ou désigner son dauphin. Affaire à suivre.

- Events -spot_img

Plus d'articles

- Evénements -spot_img

Dernières actualités