Après avoir échoué à unir leurs candidatures pour l’élection présidentielle de 2023, les opposants politiques Martin Fayulu et Moïse Katumbi se sont retrouvés en Belgique le 7 décembre. Cette réunion avait pour but d’évoquer la création d’un front commun contre la réforme constitutionnelle envisagée par Félix Tshisekedi. Pendant ce temps, des tractations se poursuivent en coulisses pour rallier l’ancien président Joseph Kabila.
Une rencontre hautement stratégique
Organisée dans la plus grande discrétion, cette réunion symbolise une étape majeure dans la tentative de structuration d’une coalition contre le projet de révision constitutionnelle porté par Félix Tshisekedi. Ce dernier est accusé par ses opposants de vouloir se maintenir au pouvoir pour un éventuel troisième mandat en 2028.
Le lieu de la rencontre, le château du Lac à Genval, revêt une charge symbolique importante. C’est dans ce même endroit que l’opposition congolaise s’était rassemblée en 2016 sous l’égide d’Étienne Tshisekedi pour contrer Joseph Kabila.
Durant une heure et quarante minutes d’échanges qualifiés de « conviviaux » par des proches, Fayulu et Katumbi ont discuté des stratégies à adopter face à la réforme constitutionnelle. La réunion a été modérée par Claudel André Lubaya, opposant en exil en Belgique. Chacun des leaders était accompagné de cinq collaborateurs, parmi lesquels Prince Epenge, porte-parole de Fayulu, et Salomon Idi Kalonda, bras droit de Katumbi.
Une dynamique de mobilisation collective
Cette rencontre s’inscrit dans un contexte marqué par la signature récente d’une déclaration commune des secrétaires généraux de plusieurs partis d’opposition. Ceux-ci, notamment les représentants de Fayulu, Katumbi et Kabila, rejettent toute initiative visant à modifier la Constitution.
Si les relations entre Fayulu et Katumbi ont été tumultueuses ces dernières années, leur échange à Genval ouvre la voie à une mobilisation plus élargie contre le projet de réforme de Félix Tshisekedi. Une rencontre entre les principaux leaders de l’opposition est en préparation, avec l’objectif de la tenir avant la fin du mois de décembre.
Le rôle clé de Joseph Kabila
Parmi les figures pressenties pour rejoindre ce front, l’ancien président Joseph Kabila occupe une place centrale. Absent du pays depuis janvier, il continue d’exercer une influence via ses émissaires. Ses proches critiquent vivement le projet de réforme de Félix Tshisekedi, qui s’attaque à une Constitution adoptée en 2006, cinq ans après son accession au pouvoir.
Vers un conclave international
Le format d’un grand conclave est actuellement en discussion. Selon plusieurs sources, cet événement pourrait se tenir à l’étranger, avec des villes comme Addis-Abeba, Nairobi ou Doha en lice pour l’accueillir. La rencontre, prévue sur deux jours, viserait à définir des objectifs communs et à poser les bases d’un « Front pour la défense de la Constitution et contre la dictature ».
Cependant, l’unité de l’opposition reste une question ouverte, tant les divergences internes persistent depuis l’élection présidentielle. Ce conclave sera un test crucial pour mesurer la capacité des opposants à surmonter leurs différends et à s’unir dans une lutte commune.
