Armel Simondin, directeur général de Perenco depuis mars 2024, a récemment dévoilé les grandes ambitions du groupe en Afrique centrale. Fort de son expérience sur le continent, il a détaillé la stratégie de Perenco pour renforcer sa position dans le secteur gazier, tout en abordant les défis environnementaux et sécuritaires liés à ses activités. Dans une interview exclusive, il met en lumière les priorités du groupe, de l’optimisation des gisements matures à l’expansion des investissements gaziers, en passant par des initiatives concrètes pour réduire l’empreinte carbone et améliorer la sécurité opérationnelle.
Successeur de Benoît de la Fouchardière à la tête du groupe pétrolier franco-britannique, Armel Simondin connaît bien le terrain africain. Ancien cadre chez TotalEnergies, notamment au Nigeria et en Angola, et directeur de Perenco Cameroun, il a été formé à l’Institut français du pétrole et reste discret, tant sur le plan opérationnel que médiatique. Dans cette interview, il expose les grands axes de développement du groupe en Afrique, avec un accent particulier sur l’énergie gazière.
Poursuivre la croissance en Afrique centrale
Perenco, actif depuis trente ans sur le continent, a pour objectif de renforcer sa position dans les pays où il est déjà présent et d’explorer de nouvelles opportunités. Armel Simondin affirme que l’Afrique centrale reste une priorité stratégique, avec une part importante des investissements du groupe (75 %) concentrée sur cette région.
« Notre objectif est de développer nos activités dans des pays comme le Gabon et le Congo, tout en explorant de nouvelles zones d’opportunité, notamment en Guinée-Équatoriale et au Nigeria », explique-t-il. En effet, le groupe a récemment acquis des actifs d’ENI au Congo, dont il espère tirer parti en repoussant les limites de la rentabilité des champs matures. Grâce à une gestion innovante, Perenco a réussi à faire passer la production du gisement de Likoula de 7 000 à 35 000 barils par jour avant de la stabiliser à 15 000 barils. L’acquisition d’actifs supplémentaires est toujours une possibilité, selon Simondin.
Le gaz, un pilier de croissance
Armel Simondin met un accent particulier sur le développement des projets gaziers, un domaine clé pour l’avenir de Perenco. « Nous allons investir entre 30 et 40 % de nos ressources en Afrique centrale dans le secteur gazier. L’objectif est de mettre en place des solutions pour valoriser le gaz, réduire les émissions et prolonger la durée de vie des champs pétroliers », déclare-t-il. En ce sens, Perenco entend lutter contre le déclin des champs matures en optimisant leur rendement et en valorisant les gaz associés à la production pétrolière.
L’arrêt du torchage du gaz est une priorité environnementale pour le groupe. La valorisation de cette ressource est perçue comme une solution bénéfique à la fois sur le plan économique et écologique, en permettant la production d’électricité ou de GPL pour les industriels. Perenco a déjà mis en place ces solutions au Cameroun et au Gabon, et prévoit de poursuivre cette dynamique.
Des investissements de 2 milliards de dollars au Gabon
Le groupe avance également des projets ambitieux au Gabon, avec des investissements de 2 milliards de dollars au cours des trois prochaines années, pour développer son activité gazière. La construction d’une unité de liquéfaction de gaz sur le terminal pétrolier de Cap Lopez est en cours. Les travaux de forage, de pose de pipelines et d’ingénierie avancent selon les prévisions, avec un objectif de mise en service de la barge de liquéfaction d’ici fin 2027.
Simondin insiste sur l’importance de cette infrastructure, non seulement pour le groupe, mais aussi pour l’avenir énergétique du pays, soulignant que la diversification des ressources énergétiques est essentielle pour le développement du Gabon.
Transition énergétique et responsabilité environnementale
Face aux critiques des organisations environnementales concernant la prolongation de la durée de vie des gisements pétroliers, Simondin défend une transition énergétique « juste » pour l’Afrique. Selon lui, les pays africains ont droit à une croissance énergétique et doivent pouvoir continuer à développer leurs ressources naturelles tout en atténuant l’impact carbone.
« Nous mettons en place des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, avec des objectifs clairs de réduction de moitié de nos émissions d’ici 2030. La gestion des risques environnementaux est au cœur de notre stratégie », assure-t-il. Perenco s’engage également à obtenir la certification ISO 14 000 pour le management environnemental et ISO 45 000 pour la santé et la sécurité au travail, afin de garantir une amélioration continue.
Sécurité et gestion des risques
Après un accident tragique en mars 2024, où cinq employés ont perdu la vie dans un incendie sur une plateforme offshore au Gabon, Perenco a renforcé ses mesures de sécurité. Simondin annonce la mise en place d’une barge de formation pour enseigner les bonnes pratiques de sécurité à ses équipes le long de la côte d’Afrique centrale.
Perenco continue de diversifier ses activités et de se concentrer sur des projets gaziers ambitieux pour l’avenir. L’entreprise ambitionne de jouer un rôle clé dans le développement énergétique de l’Afrique centrale, en alliant croissance économique et responsabilité environnementale. Ces investissements s’inscrivent dans une vision de partenariat à long terme avec les États africains, visant à répondre aux besoins énergétiques croissants du continent.