4.6 C
Paris
mercredi, janvier 15, 2025

Trump, protectionnisme renforcé : quels enjeux pour l’Asie du Sud-Est ?

À lire ou à écouter

Durant sa campagne pour l’élection présidentielle américaine, Donald Trump avait annoncé qu’il serait prêt à durcir les taxes sur les importations chinoises. Alors que son premier mandat s’était traduit par de bonnes relations commerciales avec les pays du Sud-Est asiatique, qu’en sera-t-il du second si le 47e président exécute cette menace ?

Alors que Donald Trump finalise la composition de son équipe avant son retour à la Maison Blanche, les pays d’Asie du Sud-Est, au cœur des réseaux mondiaux de production, s’attendent à une accentuation des politiques protectionnistes américaines. Pour ce second mandat, le président républicain a annoncé son intention de relever les droits de douane, qui pourraient varier de 10 % à 20 % sur les importations et atteindre jusqu’à 60 % pour certains produits chinois. Ces mesures promettent de perturber considérablement les échanges commerciaux internationaux.

Lors de son premier mandat, en 2018, Trump avait déjà instauré des taxes douanières significatives sur environ 250 milliards de dollars de produits importés de Chine, initiant ainsi une guerre commerciale. Pour ce nouveau mandat, il semble décidé à aller encore plus loin. Selon plusieurs experts économiques, même si les mesures ne seront peut-être pas aussi drastiques que les 60 % annoncés, elles devraient tout de même frapper fort et marquer la poursuite de sa politique protectionniste.

Les opportunités pour l’Asie du Sud-Est

Dans ce contexte de tensions commerciales, l’Asie du Sud-Est pourrait tirer parti de ce conflit entre Washington et Pékin. Durant le premier mandat de Trump, des pays comme le Vietnam et la Malaisie avaient vu leurs exportations vers les États-Unis augmenter considérablement, bénéficiant du déplacement d’activités industrielles depuis la Chine. De nombreuses entreprises, confrontées à des droits de douane élevés, avaient choisi de délocaliser une partie de leur production vers cette région pour éviter que leurs produits ne soient estampillés « Made in China ».

Les investissements étrangers vers des pays comme le Vietnam, la Thaïlande et l’Indonésie devraient encore croître à court terme, avec des entreprises cherchant à contourner les nouvelles barrières tarifaires. La directrice générale d’un important groupe logistique et industriel de la région, a notamment mentionné une forte augmentation des demandes de partenaires chinois, entraînant une expansion des équipes et des services pour répondre à ces besoins.

Un développement technologique et économique en perspective

À long terme, ces délocalisations représentent une opportunité majeure pour les pays du Sud-Est asiatique. Elles permettent non seulement de renforcer leurs infrastructures, mais également d’accélérer leur transition technologique et d’améliorer les compétences de leur main-d’œuvre. Le Vietnam, grâce à sa proximité géographique avec la Chine, son faible coût de production et ses infrastructures modernes, est devenu un pôle attractif pour des entreprises de premier plan telles que Samsung, Apple et Dell. Ces investissements ont contribué à transformer le pays en un acteur majeur de la production de smartphones et de semi-conducteurs.

D’autres pays de la région, comme l’Indonésie et la Thaïlande, pourraient également profiter de cette dynamique pour diversifier leurs marchés d’exportation, en réponse aux restrictions commerciales américaines. Cette diversification s’inscrit déjà dans des initiatives stratégiques telles que les Nouvelles Routes de la Soie promues par la Chine, qui renforce ses investissements dans ces pays.

Une région potentiellement ciblée par Washington

Cependant, certains pays d’Asie du Sud-Est pourraient eux-mêmes faire face à des mesures restrictives en raison de leurs importants excédents commerciaux avec les États-Unis. Des nations comme le Vietnam, qualifié par Trump de « pire agresseur » après la Chine et le Mexique, enregistrent des déséquilibres commerciaux conséquents. En 2022, le déficit commercial des États-Unis avec le Vietnam atteignait 114 milliards de dollars.

Le phénomène du transbordement, où des marchandises d’origine chinoise transitent par d’autres pays pour éviter les droits de douane, pourrait également attirer l’attention de l’administration Trump. Bien que des accords aient déjà été conclus pour réguler certains flux, notamment avec le Mexique, l’Asie du Sud-Est pourrait être mise sous pression si de telles pratiques deviennent un sujet prioritaire.

En définitive, si les politiques commerciales américaines sous Trump visent en premier lieu la Chine, l’Europe et les partenaires nord-américains, l’Asie du Sud-Est reste à la fois une région stratégique et vulnérable face aux mesures protectionnistes qui s’annoncent.

- Events -spot_img

Plus d'articles

- Evénements -spot_img

Dernières actualités