Suite à la publication d’un rapport virulent du Groupe de travail de la société civile (GTSC), qui met en cause les autorités dans les pénuries répétées de carburant et les prix élevés à la pompe en République centrafricaine (RCA), le ministre des Hydrocarbures, Arthur Bertrand Piri, s’est défendu. Ce rapport, intitulé « La mafia dans le secteur pétrolier en République centrafricaine », critique vivement la gestion du secteur par les autorités.
Arthur Bertrand Piri a rejeté les accusations portées contre la société Tamoil, repreneur de Total en RCA, dont les stations ont été réquisitionnées depuis juin. Selon lui, Tamoil a manqué à ses obligations envers le gouvernement et ses partenaires, notamment Neptune, son fournisseur de produits pétroliers. « Tamoil vendait les produits sans payer Neptune et sans reverser les taxes collectées sur les ventes. Cela a mené à une rupture entre les deux entités, provoquant des pénuries. Depuis que Neptune a repris l’approvisionnement, la situation s’est stabilisée. » Tamoil, a-t-il précisé, accumule des dettes importantes, s’élevant à 8 milliards de francs CFA envers des banques locales, 4 milliards envers le fisc et 2 milliards envers Neptune.
Concernant la convention d’exclusivité d’importation accordée à Neptune, critiquée par le GTSC comme étant illégale, le ministre a affirmé que cette procédure est légale en l’absence d’un comité prévu par la loi de 2007 pour libéraliser le marché. « Nous avons suivi la procédure directe qui est conforme à la réglementation en place », a-t-il soutenu, ajoutant que Neptune a permis de régulariser l’approvisionnement en produits pétroliers dans Bangui, avec une distribution en cours dans les provinces, une première depuis plus de dix ans.
Quant aux accusations de surfacturations et de prix à la pompe élevés, Piri a rappelé qu’avant l’arrivée de Neptune, les opérateurs Total et Tradex facturaient des montants encore plus élevés. Un audit est en cours, supervisé par un cabinet indépendant en collaboration avec le FMI, pour examiner les coûts d’importation et déterminer la validité des allégations.
En réponse aux critiques sur le comité de lutte contre la contrebande, accusé de couvrir des pratiques illégales, le ministre a comparé son fonctionnement à celui des douaniers et policiers qui appliquent des amendes et récupèrent des droits sur les infractions. « Le comité agit conformément aux lois et aux droits de l’État », a-t-il insisté.
Arthur Bertrand Piri a enfin souligné qu’un audit, commandité par le gouvernement et le FMI, est en cours pour évaluer les coûts d’importation des produits pétroliers en RCA. Il a également critiqué le contrat de monopole d’importation passé avec Neptune, dénonçant les mensonges de l’entreprise concernant le prix des carburants et défendant l’action du comité de lutte contre la contrebande.
D’une manière plus générale, le ministre des Hydrocarbures a estimé que le GTSC « s’oppose systématiquement aux actions du gouvernement » et se rapproche davantage de l’opposition, en jugeant que le rapport contient « trop de contre-vérités ».