Au Sénégal, une dissolution de l’Assemblée nationale pourrait se produire prochainement. Depuis cinq mois que Bassirou Diomaye Faye est au pouvoir, il doit composer avec une chambre dominée par l’opposition. À partir de ce jeudi 12 septembre, il peut appeler à des élections législatives anticipées.
Le président devrait donc dissoudre l’Assemblée nationale dans les heures à venir pour remédier à cette situation. Bien qu’il ait été élu dès le premier tour avec plus de 54 % des suffrages, il n’a pas la majorité au Parlement, dominé par le camp de l’ancien président Macky Sall.
Face à une Assemblée hostile, comment instaurer rapidement des réformes reflétant la volonté des électeurs ? Le parti du président, Pastef (Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), ne compte que 23 députés sur 165. Même en ajoutant ses alliés de la coalition Yewwi Askan Wii, le total atteint à peine une quarantaine de parlementaires, contre la majorité absolue de la coalition Benno Bokk Yakaar de Macky Sall.
Cette opposition majoritaire a déjà bloqué plusieurs projets de loi, notamment en juin dernier lors du débat d’orientation budgétaire, et a récemment rejeté la proposition de supprimer deux institutions jugées trop coûteuses. Le conflit entre le pouvoir et l’opposition est devenu profond, selon Ababacar Fall du think tank le Gradec, qui y voit une extension de la campagne présidentielle de mars 2024, expliquant l’actuelle tension entre les deux camps.
Une alternative aurait été de trouver un compromis sur des sujets clefs, mais selon le professeur Alassane NDao, le gouvernement actuel ne semble pas prêt à négocier, notamment sur des questions comme l’abandon des poursuites judiciaires contre des membres de l’ancien régime. Cela rend la dissolution presque inévitable pour obtenir une nouvelle majorité parlementaire.
La dissolution semble désormais imminente, car le délai légal de deux ans de législature pour permettre cette action sera atteint ce jeudi 12 septembre. L’Assemblée nationale a d’ailleurs donné son accord en amont, le président de la chambre ayant indiqué ne pas s’opposer à une dissolution à partir de cette date.
Le gouvernement est pressé par le temps, notamment pour adopter la loi budgétaire avant la fin de l’année et financer les promesses électorales. Si la dissolution se confirme, des élections législatives devront être organisées dans un délai de deux à trois mois, ce qui laisse peu de marge pour l’adoption du budget.