L’Afrique, bien que riche en pétrole et en gaz, reste un consommateur modéré de gaz naturel liquéfié (GNL). Avec une demande énergétique en pleine expansion, la question se pose : le GNL est-il la solution pour satisfaire les besoins croissants du continent ? Tandis que les grandes puissances mondiales accélèrent leur transition vers les énergies renouvelables, l’Afrique se retrouve à un tournant décisif.
L’Afrique, un acteur historique du GNL
Depuis plus de 60 ans, plusieurs pays africains exploitent et exportent des énergies fossiles, avec une place particulière accordée au gaz. L’Algérie a, dès 1964, été pionnière dans l’exportation de GNL, suivie par la Libye, le Nigeria, l’Égypte, et plus récemment le Cameroun. Cependant, ces exportations restent concentrées dans des zones limitées du continent, notamment en Afrique du Nord et de l’Ouest, où 90 % de la consommation de gaz est localisée.
Une consommation énergétique fragmentée
Si le gaz naturel est la source d’énergie connaissant la plus forte croissance en Afrique, sa consommation reste localisée. En 2020, l’Afrique a consommé 164 milliards de m³ de gaz naturel, représentant 4 % de l’utilisation mondiale. L’Égypte et l’Algérie en consomment 80 %, tandis que l’Afrique de l’Ouest, dominée par le Nigeria, en représente 15 %.
D’autres pays, comme l’Afrique du Sud, envisagent d’accroître leur consommation de GNL pour remplacer le charbon, tandis que le Mozambique et la Tanzanie explorent également leurs ressources gazières. Cependant, ces changements sont lents et ne bouleverseront pas rapidement la consommation de gaz à l’échelle continentale.
Le GNL : Une opportunité freinée par de nombreux obstacles
Bien que prometteur, le développement du GNL en Afrique est ralenti par plusieurs facteurs : volatilité des prix, faible infrastructure, solvabilité des marchés intérieurs et obstacles financiers majeurs. Malgré des projets comme l’unité flottante de stockage au Sénégal, aucune importation de GNL n’a encore été réalisée. À cela s’ajoutent des difficultés structurelles liées aux marchés intérieurs, souvent trop petits pour justifier des investissements massifs dans des infrastructures GNL.
Les énergies renouvelables en concurrence directe
Alors que l’Afrique voit sa demande énergétique croître, les énergies renouvelables sont souvent présentées comme une alternative au GNL. Toutefois, la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique africaine reste limitée. En 2020, les énergies solaires et éoliennes ne représentaient que 7 % de la capacité installée. Malgré une augmentation rapide des investissements, ceux-ci se concentrent majoritairement dans quelques pays comme l’Afrique du Sud, le Maroc, et le Kenya.
Perspectives d’avenir
Les projections indiquent une augmentation de la demande de gaz naturel, atteignant potentiellement 210 milliards de m³ d’ici 2030. Cependant, la concurrence avec les énergies renouvelables, les incertitudes des marchés mondiaux et les défis financiers rendent l’avenir des importations de GNL incertain.
En somme, si l’Afrique veut exploiter le potentiel du GNL, elle devra lever les obstacles actuels tout en gérant la transition vers un mix énergétique plus durable. La solution pourrait résider dans une combinaison de GNL et d’énergies renouvelables, selon les dynamiques de marché et les capacités d’investissement.