Baltasar Engonga Edjo’o, nouveau président de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), n’a pas tardé à imprimer sa marque. Depuis son arrivée le 17 mars 2023, l’Équato-Guinéen a entamé une réforme audacieuse visant à renforcer l’intégration régionale et à redynamiser l’économie des pays membres de cette organisation sous-régionale. Cependant, la tâche s’annonce ardue, notamment en raison des polémiques qui ont éclaboussé son prédécesseur, le Gabonais Daniel Ona Ondo.
Une prise de fonction marquée par des décisions stratégiques
Baltasar Engonga Edjo’o a rapidement montré sa détermination à tourner la page de la précédente administration. Le 15 août, seulement quelques mois après sa prise de fonction, il a initié un vaste redéploiement du personnel au sein de la CEMAC, un acte qui a surpris beaucoup d’observateurs. Ce redéploiement est en partie motivé par un audit en cours, visant à éclaircir la gestion passée et à imposer une nouvelle rigueur administrative. Plusieurs proches de Daniel Ona Ondo ont été sanctionnés ou redéployés, renforçant ainsi l’image d’un président décidé à réformer en profondeur.
Une vision pour l’avenir de la CEMAC
Le 21 juin, à l’hôtel Ledger Plazza, Baltasar Engonga Edjo’o a dévoilé son ouvrage intitulé « La CEMAC nouvelle vision 2024-2025 : diagnostic et Principes directeurs, volume 1 », un livre qui marque un tournant dans sa présidence. Ce livre de 302 pages, publié aux éditions Baromètre, expose une analyse approfondie de la situation actuelle de la CEMAC et propose des principes directeurs pour une intégration régionale plus efficace. Engonga Edjo’o y déclare son ambition de transformer la CEMAC en un pilier solide de la croissance économique de l’Afrique centrale.
« L’ouvrage que je viens de présenter reflète notre programme, notre vision pour la mandature en cours et au-delà », a-t-il affirmé lors de la cérémonie de lancement. L’objectif, selon lui, est de jeter les bases d’une intégration durable qui transcende les cycles politiques et qui favorise un développement commun pour tous les États membres.
Une tournée sous-régionale pour une stratégie commune
Dans le cadre de son mandat, Baltasar Engonga Edjo’o a entrepris une tournée sous-régionale, avec notamment une visite à Libreville où il a rencontré le président de la Transition gabonaise, le Général Brice Oligui Nguema, le 29 janvier 2024. Cette rencontre, la première entre les deux hommes depuis la prise de pouvoir du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) au Gabon, a été l’occasion de discuter de la feuille de route de la CEMAC pour 2024, qui sera présentée au Sommet de Bangui en février prochain.
Cette tournée est cruciale pour la mise en œuvre d’un nouveau plan stratégique que Baltasar Engonga Edjo’o souhaite présenter prochainement au Conseil des ministres de la CEMAC. Ce plan, qui inclut également l’élaboration du budget 2024, vise à renforcer les fondations économiques de la région tout en favorisant une meilleure coordination entre les États membres.
Des défis et des controverses
Malgré ces initiatives, la présidence de Baltasar Engonga Edjo’o n’est pas exempte de controverses. La nomination de Rufina Mani Obono Mangue, ancienne collaboratrice de Baltasar en Guinée équatoriale, comme directrice de cabinet a suscité des critiques. Cette dernière a été accusée d’avoir perçu une somme de 9 millions de F CFA (13 700 euros), une situation qui alimente les tensions au sein de l’organisation. Ces accusations, relayées par des fuites de documents, montrent les défis auxquels est confronté Engonga Edjo’o pour restaurer la confiance au sein de la CEMAC.
Un engagement pour l’intégration régionale
Malgré les obstacles, Baltasar Engonga Edjo’o reste déterminé à réaliser sa vision. Sa présidence est marquée par une volonté de transparence, de réforme et de renouveau. Il appelle les jeunes et toutes les parties prenantes à participer activement à la construction de cette nouvelle vision de la CEMAC, qui promet une intégration plus forte et plus inclusive. Les prochains volumes de son ouvrage, prévus dans les jours à venir, devraient apporter davantage de précisions sur ses projets pour l’avenir de l’organisation.
Pour Baltasar Engonga Edjo’o, l’objectif est clair : transformer la CEMAC en un acteur clé de l’intégration économique en Afrique centrale, tout en surmontant les défis internes et les critiques. Avec une feuille de route ambitieuse et un engagement fort pour la transparence et la bonne gouvernance, il espère redonner à cette institution sous-régionale la crédibilité qu’elle mérite.