Lundi 8 avril, l’organisation Ensemble contre la peine de mort a tenu une conférence au barreau de Paris pour aborder la question de la peine de mort en République démocratique du Congo (RDC), ainsi que la décision du gouvernement congolais de lever le moratoire sur cette pratique. Cette décision intervient dans un contexte où Kinshasa affirme vouloir combattre les trahisons au sein de l’armée, en particulier dans le cadre de la lutte contre le mouvement rebelle M23 à l’Est du pays. Cependant, pour Ensemble contre la peine de mort, cette mesure est qualifiée de « raccourci » et de « populisme » de la part du gouvernement.
Firmin Yangambi Liboté conteste ces arguments, soulignant qu’il n’y a aucune preuve que le rétablissement de la peine de mort contribuerait à mettre fin à la guerre à l’est du Congo. Pour rappel, Maître Firmin Yangambi Libote, ancien prisonnier politique, ancien bâtonnier de la province de la Tshopo au barreau de Kisangani et avocat à la Cour pénale internationale, activiste des droits humains et président de l’ONG Paix sur terre, avait été condamné à mort en 2010 pour détention illégale d’armes de guerre et tentative d’organisation d’un mouvement insurrectionnel. Il a qualifié cette démarche de gouvernement de propagande et de populisme, soulignant que la violence et les exécutions ne font qu’intimider des individus généralement condamnés sans garantie des droits de la défense lors de leurs procès. Il a également pointé du doigt les dysfonctionnements de la justice congolaise, déclarant que confier à cette même justice malade le pouvoir de prononcer la peine capitale représente une grave violation des droits de l’homme.
Yangambi Liboté a également mis en lumière le paradoxe selon lequel le président de la République, en tant que commandant suprême des forces armées, reconnaît que la justice congolaise est déficiente, mais estime néanmoins que seule la peine de mort peut rétablir la discipline au sein des forces armées. Cette position, selon lui, est un aveu d’échec de son autorité en tant que commandant suprême.
En conclusion, pour l’organisation Ensemble contre la peine de mort, le rétablissement de la peine capitale en RDC est d’autant plus problématique que même le président lui-même admet les lacunes de la justice congolaise.
